Beautiful Darling
Beautiful Darling

Documentaire de James Rasin (2010)

Même si ce documentaire est sans doute le moyen le plus simple de commencer à découvrir Candy Darling, il véhicule des propos particulièrement transphobes de la part de son prétendu entourage de l’époque et ne laisse finalement pas assez de place à la propre vision que Candy avait d’elle-même et de sa vie.
J’ai avant tout été très choquée par les propos de Fran Lebowitz, qui commence par dire que dans les années 1960, on était autant discriminé·e lorsqu'on était un homme homosexuel que lorsqu'on était une femme transgenre — ce qui est factuellement faux. J’aurais aimé ici que le documentaire aborde plus en profondeur et de manière objective les difficultés que les personnes transgenres rencontraient à l’époque pour contredire de tels propos (dont je voudrais en vérité qu’ils n’existent pas du tout puisque je ne leur vois aucun intérêt).
Lebowitz persiste dans la transphobie crasse en utilisant ensuite le terme de “real women” pour parler des femmes cisgenres — sous-entendant par là-même que les femmes transgenres ne seraient pas de “vraies femmes”.
enfin, elle va même jusqu'à dire que, je cite “a twenty-five-year-old man who decides to become a twenty-five-year-old woman is not a woman at all because a woman first has to be a girl”, alors que les femmes transgenres ne sont pas des hommes voulant devenir des femmes mais des personnes ayant toujours été en conflit avec l’identité de genre qu’on leur a attribué à la naissance. Aussi, je dirais qu'accepter et vivre pleinement cette identité malgré les risques que cela comporte est un acte de bravoure, et non de “naïveté” comme Lebowitz le qualifie.
J’ai par ailleurs eu beaucoup de mal avec les constantes attaques envers le caractère théâtral de Candy — toujours jugé faux, voire même “pas digne d’une vraie femme” ; et j’ai aussi regretté les trop nombreuses diffusions d’images d’enfance de Candy alors qu’elles ne sont pas toujours nécessaires à la narration et que son apparence d’alors ne coïncidait pas avec son identité de genre.
Dans la continuité de tout cela, le film en vient même à mettre en doute la transidentité de Candy lorsqu'elle aborde dans son journal intime son refus de transitionner médicalement quand là encore il aurait fallu remettre ces propos dans leur contexte, évoquer les difficultés que cela aurait pu entraîner pour elle ainsi que les réelles motivations de ce rejet (pourtant bien évoquées dans son journal intime d’après le résumé que j’ai pu en lire) plutôt que d'avoir des propos fétichisant les femmes transgenres pré-opération.
En bref, ce film passe son temps à diffuser les commentaires insultants qu’ont des personnes ayant côtoyé Candy de près ou de loin à son encontre — qu’il s’agisse du réalisateur Paul Morrissey ayant utilisé sa transidentité comme un moyen pour se moquer du mouvement de libération des femmes, de Fran Lebowitz dont j’ai évoqué l’ignoble transphobie précédemment, d’Andy Warhol qui est par moment glorifié alors qu’il s'est constamment servi de Candy et des autres personnes queer desquelles il aimait s’entourer, et même de son avocat qui n’a rien d’autre à évoquer que le dégoût qu’il avait pour elle.
Je ne retiendrais donc que Jeremiah Newton, seul proche réel et sincère de Candy, ainsi que les interventions plus qu’appréciables de Jayne County et de John Waters. Enfin, ce sont avant tout les extraits de son journal intime lus par Chloë Sevigny que je chéris et qui résonnent particulièrement en moi, notamment celui qu’elle a écrit à l’hôtel Diplomat.

louiselucrezia
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le 26 juil. 2019

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