Un innocent idéal.

Cinéaste touche à tout, à l'aise aussi bien dans la chronique générationnelle, dans la comédie grand public ou bien encore dans l'expérimentation, Richard Linklater s'attarde ici sur un fait divers sordide survenu au Texas dans les années 90.

Plutôt que de livrer un banal film de procès, ou une biographie plus ou moins partisane, Linklater décide de triturer la réalité (une constante chez lui), de jouer avec la notion de point de vue, décrivant les évènements par le biais de témoignages nous montrant le meurtrier comme un homme doux et bon, incapable de faire du mal à une mouche, alors qu'il a tout de même abattue une vieille dame de quatre balles dans le dos.

Un parti pris intéressant, d'autant que Linklater illustre tout ça d'un point de vue décalé, frôlant la farce, rappelant par instants le cinéma des frères Coen. Tout est ici amplifié, plus d'une fois absurde, jusque dans l'interprétation d'un Jack Black outrageusement "précieux" (et paradoxalement sobre) ou d'un Matthew McConaughey en mode autodérision.

Dommage dès lors que "Bernie" n'aille pas plus loin que son concept séduisant, satire intrigante mais un brin paresseuse, sans réelle surprise, déroulant une intrigue rabâchée et cousue de fil blanc. Loin d'être désagréable mais Linklater était capable de faire beaucoup mieux.