Découverte dans la douleur d’un cinéaste qui ne met pas de gants. Besieged City fait l’effet d’une infernale descente aux enfers qui ne laisse aucun répit aux petits cœurs meurtris qui le découvrent : l’oppression commence dès que la lumière s’estompe et que l’écran subit l’assaut de jeunes adolescents désœuvrés. S’ensuit alors une spirale de violence sourde caractérisant un ensemble de destins croisés on ne peut plus chaotiques : il ne fait pas bon survivre dans la région de Tin Shui Wai.


Rugueux, indomptable, désespéré, le film de Lawrence Ah Mon ne fait pas dans le portrait nuancé. Il est bien question pour lui d’aller au bout des choses, la société qu’il dépeint est condamnée à l’autodestruction. Sa jeunesse y est sans repère, livrée à elle-même, elle n’a d’autre choix que la protection que lui offre l’appartenance à un gang et le pouvoir qui en découle. Celui de redistribuer les cartes, de troquer sa casquette de victime pour endosser le masque du bourreau. Vouloir vivre tranquillement entre les deux camps est une utopie dangereuse, qui ne peut devenir réalité qu’à grand renfort de drogues ou d’alcool, seuls remèdes pour supporter l’insupportable.


Frénétique et rageur, Besieged City donne parfois l’impression d’être raconté par un crayon un peu trop gras, Lawrence Ah Mon corsant plus qu’il n’en faut les destins de certains protagonistes, à l’image de celui de sa jeune chef de bande fougueuse dont l’innocence a été ravie bien trop tôt par un père aux mains plus que baladeuses. Mais finalement, cette surenchère dans l’horreur est la mécanique qui permet à son film de se tenir, celle qui rend crédible les agissements de tous les jeunes diables qui errent dans les rues malfamées d’un Honk Kong en déroute sans jamais penser aux conséquences de leurs agissements.


Mention spéciale aux différents acteurs, tous très jeunes, qui s’en sortent avec les honneurs dans des rôles scabreux. En imaginant deux secondes que le film ait été tourné dans notre pays, on imagine aisément que la sauce eut vite pu tourner. Il n’en est rien ici, même si Besieged city donne parfois dans le trash un peu trop radical, sur la distance il fonctionne terriblement, et ne manque pas de laisser son spectateur définitivement K.O. lorsque le dernier coup de latte signe la fin des hostilités.

oso
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le 8 févr. 2016

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