Vous l'avez déjà vu, mais vous ne connaissez probablement pas son nom. Il s'appelle Ed Helms, mais il n'a jamais eu le droit à son propre film, en tout cas jusqu'à présent, et le voici donc dans une comédie signée Miguel Arteta, celui-là même qui nous avait servi le très sympathique Be Bad !
Tim Lippe (Ed Helms), agent d'assurances, est un homme simple qui n'a jamais quitté sa petite ville natale du Wisconsin. Lorsqu'il est obligé de se rendre à la grande convention professionnelle de la non moins grande ville de Cedar Rapids, son week-end s'annonce comme celui de toutes les premières fois. Plongé dans une ambiance électrique, ultra compétitive et propice aux rencontres, Tim se retrouve dans des situations auxquelles rien ne l'avait préparé... Naïf mais entier, Tim va plonger avec naturel et maladresse dans le grand bain des séminaires d'entreprises avec ses jeux de pistes impitoyables, ses collègues à fuir à tout prix, et ses charmantes consœurs.

Bienvenue à Cedar Rapids c'est un peu le test drive d'Ed Helms. Habitué aux seconds rôles dans différentes comédies et séries à succès (Very Bad Trip 1 & 2, The Office), le voilà en-tête d'affiche, et pour un premier essai, c'est une réussite assez convaincante, surtout quand on sait que le scénariste, Phil Johnston, est lui aussi mis à l'épreuve, puisque c'est là son premier scénario.
Faussement vendu comme une grosse comédie façon Apatow, le film s'avère surtout être une chose indescriptible, inclassable, indépendante, et bien qu'il nous serve d'innombrables moments de rigolade, c'est aussi la libération d'un homme cloîtré dans une bulle protectrice qui éclatera lors d'une convention où toutes les rencontres, bonnes ou mauvaises, auront un effet toujours positif — mais pas toujours immédiatement — sur notre héros. Helms ne joue pas les nerds vierges façon 40 ans toujours puceau, mais il sert d'avatar ingénu qui se rend compte que les personnes grossières peuvent-être bien plus fréquentables que celles qu'il considérait de confiance — simple, mais efficace, et ça ne sera pas sans nous rappeler le concept des films de Chaplin, rien que ça. Ses réactions font toujours mouche, et sa profusion d'humour nous rend hilares, et ce en évitant de singer les codes actuels de l'humour américain, qui visent à multiplier les situations improbables et la grossièreté tout en faisant hurler les acteurs toujours plus fort.

Bref, Bienvenue à Cedar Rapids est une surprise assez inattendue, pas aussi pimpante qu'un Apatow ou une comédie à la Very Bad Trip, et ce pour la bonne raison qu'elle se veut bien plus être une métaphore de l'Amérique contemporaine, conduite par un Candide à l'humour fin et sans brouhahas. Seul regret, cette obligation qu'ont tous les films US à nous imposer une séance de fumette, comme si la libération passait forcément par la marijuana; ça fait — plus ou moins — rire, mais l'on aimerait un renouvellement de ce genre de symboles.
La rythmique est plutôt constante, et c'est ce qui permet au film de dissoudre une certaine saveur, sans nous bombarder d'idées suivies de creux, renforçant notre satisfaction et faisant passer le temps à toute allure. Helms n'est pas seul au volant, et l'on sera surpris de voir de grosses têtes d'affiche l'épauler, dont John C. Reilly, Sigourney Weaver, et Anne Heche, un peu comme si la production avait voulu nous rassurer quant au contenu en usant de visages connus; probant, mais Helms impose suffisamment de prestance, et des têtes moins bankables auraient pu largement suffire.
Pour conclure, les amateurs de comédies assez fines et en marge totale des codes actuels auront quelque chose de très rafraîchissant et qui les rassurera quant aux ressources comiques américaines, qui ne sont finalement pas si épuisées que l'on aurait pu le croire. Ceux qui aiment en revanche du spectacle absurde ne dépassant jamais le niveau de la ceinture risquent de ne pas adhérer à ce brusque hublot de fraîcheur qui s'ouvre en plein vol dénué de circonvolutions.
Mention spéciale pour Ed Helms, qui nous prouve qu'il est capable d'être une vraie tête d'affiche, et pas uniquement un mauvais second rôle comme c'est le cas dans les Very Bad Trip, et l'on espère que ce voyage à Cedar Rapids aura suffisamment convaincu l'industrie du cinéma afin de lui permettre d'être plus souvent le numéro 1 de la distribution, ainsi que pouvoir varier ses rôles.
SlashersHouse
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le 28 juin 2011

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SlashersHouse

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