De mal en pis pour la carrière de cinéaste de George Clooney qui semble prendre un malin plaisir à entrainer les frères Coen dans sa chute...
Suburbicon se veut une fable immorale, acerbe et caustique mais ne parvient qu'à être un gentil pamphlet sans âme, la faute à un scénario pas clair dans sa situation de base, et trop structuré pour son propre bien dans l'acte II.
Je m'explique : prenons un contre-exemple au hasard, mais alors complètement au hasard, mettons Fargo. Dans ce dernier, la situation de base est plus que claire. Les éléments se mettent en place et puis Zwouip ! ça dérape et on ne sait plus du tout jusqu'où le film osera nous mener.
Suburbicon fait tout l'inverse : il rend l'incipit brumeux pour faire un twist à la noix, et tout le développement est maladroitement bourré d'éléments-qui-vont-servir-plus-tard au point qu'il en devient prévisible dans les moindres détails.
Tel un Anton Tchekhov pénétrant dans une armurerie, George croit tenir son spectateur au creux de sa main en tartinant son récit de balises ultra identifiables ( la lessive, le sandwich, etc... ) alors qu'il ne fait que l'assommer et lui mâcher le travail. Comme y'a pas un personnage pour rattraper l'autre, aucune des situations ne surprend ni ne choque, on se contente de rester là à bailler devant ce spectacle affligeant.
Si au moins il en profitait pour tirer à boulets rouges sur une société sclérosée qu'il méprise, mais même pas. L'émeute nocturne organisée chez les voisins n'existe que pour justifier le fait que personne ne voit ce qui se trame dix mètres plus loin !
Honte sur toi, George.