Ne plus faire les yeux doux à ses fans, ou l'erreur de trop...
Big Eyes était sur le papier un projet intéressant. Burton ayant, pour moi, amplement réussi Ed Wood, la perspective de se retrouver confrontée à un nouveau Biopic ou du moins un film inspiré de faits réels, était donc totalement agréable.
Mais le Tim Burton moderne a bien évolué depuis Ed Wood, et nous propose aujourd'hui un film qui n'est en rien comparable avec la filmographie qui l'a fait connaître à la base.
Je n'enlèverai pas le talent des acteurs qui pour le coup sont bons (notamment Amy Adams qui est superbe), petit bémol par contre pour monsieur Waltz qui semble hanté par le nazi qu'il campait chez Tarantino, changer de registre ne serait pas un mal (sous peine de se transformer en nouvelle marionnette à la Depp pour Burton à trop se cantonner dans un seul type de personnage).
La création dans ce film pourrait résider dans l'identification qui semble s'être effectuée chez Burton en travaillant sur l'histoire des Keane. Du coup, le film ressemble à une sorte de critique du milieu artistique adressée aux critiques d'art justement. Un peu comme si le réalisateur décidait d'adresser un gros doigt d'honneur aux gens qui n'apprécient pas son travail et le dénigre (et c'est exactement le ressenti que j'en ai eu durant la scène du repas mondain...).
Le film est entendu dés la première minute : il s'agira d'un cocktail Burtonien de toutes les "bonnes" idées de ses autres films qui serviront d'influences (Charlie et la Chocolaterie pour le générique, Edward Scissorshands dés le premier plan et durant tout le film, Beetlejuice et les escaliers/grenier...).
On ne peut rien reprocher à l'histoire en elle-même, c'est joli, touchant, féministe, ironique voire cynique... Mais où se trouve l'invention et la créativité ? Dans les décors et costumes? Non Burton nous a habitué à mieux. Dans la mise en scène? Même chose. Le choix des acteurs ? Là y a un progrès on est dans une autre sphère qui ne gravite pas autour de ses habitudes. Mais être un artiste qui parle de critiques d'arts ou d'autres artistes c'est décevant et trop entendu à mon goût. Je regrette à chacun de ses nouveaux films (depuis Alice) le Tim Burton de Beetlejuice, et même si Frankenweenie m'avait redonné un peu d'espoir, j'ai bien peur qu'il ait disparu...
En attendant une vraie nouveauté, je ne recommanderai Big Eyes que pour la reconnaissance du combat de Margaret... Et "malheureusement" c'est un film plutôt sympa mais un mauvais Burton, donc pour moi le contrat n'est pas rempli. Il serait temps de se renouveler...