Big Eyes est un film on ne peut plus étonnant, et c'est ce qui lui doit, malgré de nombreuses critiques positives, des réactions bien plus retenues, voir mauvaises (il n'y en a cependant pas énormément, elles se font juste plus remarquer). Ce que je comprends. Cependant, je me permettrais d'ajouter que le film est bien meilleur que ce que peuvent croire certains, pour les raisons pour lesquelles il se fait critiquer d'ailleurs.
Tout d'abord, le film nous démontre une chose: Tim Burton sait parfaitement se renouveler. On ne retrouvera pas grand chose en commun avec son univers ou avec les histoires et les personnages de ses autres films. Cependant, certains ont critiqués le fait que du coup, Tim Burton faisait un simple film académique sans aucune personnalité, n'ayant eu aucune inspiration... Et... Ils ont eu tort. Il faut bien le dire, tout ce que j'ai dis auparavant n'a pas empêché Tim Burton d'être attaché à cette histoire, et d'être inspiré. Honnêtement, la réalisation a ses gros points forts. Dynamique par moments, forte par d'autres, Burton met avant tout en avant l'univers de Margaret Keane, si bien qu'on finit par être entièrement dans le personnage, à ressentir ce qu'il ressent, entre ses tableaux, les yeux des gens qui l'entourent (pas toujours gros, mais ils captivent notre attention), son environnement très coloré, voir kitsch (et bien que ça rende très bien, le film lui même s'en amuse, on voit que Tim sait très bien que celui-ci sera critiqué, on s'en aperçoit très facilement lorsque les critiques donnent une mauvaise opinion de l'art de Margaret), sa perception des choses qui évolue par rapport à son mari, mais aussi sa relation avec sa fille, tout tourne autour d'elle, le film est réellement centré sur elle.
A tout cela il faut ajouter un humour subtile tout le long du film, qui doit beaucoup à des dialogues extrêmement bien écrits et à des situation très bien amenées.
Mais cela serait-il autant percutant sans la performance des acteurs? Mon Dieu... Ils sont tous géniaux! Déjà on a le droit à un Christophe Waltz toujours aussi génial, on sent dés le début que le mec est fait pour raconter des baubards, pourtant, comme Margaret, on ferme les yeux sur les éléments un peu louches et sur les doutes qu'on pourrait avoir, et le mec devient complètement fou par moments, fait son gros focul, part sur le foutage de gueule puissance 1000, et lors de la scène du tribunal on sent que son personnage s'amuse tellement que c'est impossible qu'il dise vraiment ce qui lui vient du cœur, et puis merde quoi y a rien à dire on s'amuse tellement avec lui! Amy Adams elle aussi livre une excellente performance, on sent que c'est elle l'artiste, on sent très bien l'évolution de la perception de son mari, mais aussi et c'est là où elle est la plus forte, c'est sa relation avec sa fille, vraiment tout y est, les moindres nuances de sourire, de bonheur, de tristesse, rien à redire! Kristen Ritter campe sa copine avec un jeu d'acteur incroyable, elle incarne tout l'univers dérangé de Margaret à elle seule, et on se rends compte au simple regard qu'elle sait dés le début comment est Walter, par ailleurs ses yeux suffisent à savoir tout ce qu'elle pense, c'est un truc de dingue, on voit qu'elle a dû beaucoup inspirer Keane. (Une nouvelle preuve que le scénario est tout bonnement excellent!) Le reste est excellent aussi, Terence Stamp, l'hilarant Jason Schwartzman, et celle qui joue la fille de Margaret livre une très belle performance aussi, en particulier quand Walter devient complètement maboule! Quant à Danny Huston c'est très bien aussi, j'apprécie par ailleurs que ce soit lui qui fasse la voix off, l'idée que ce soit un personnage extérieur au récit et reporter qui parle est très bonne.
La photographie est excellente, c'est très beau, certains diront que c'est kitsch, je réponds que c'est kitsch, mais que c'est beau!
Oh et bordel ais-je oublier de parler de la scène du magasin? Oh my God, j'adore, c'est tellement bien fait, et l'atmosphère qui en découle est excellente, d'ailleurs ça montre que l'univers d'un artiste peut devenir tellement présent qu'on peut se demander si celui-ci devient complètement malade!
Oh, et j'ai oublié de parler aussi de la critique du monde de l'art, mais aussi de la presse, qui est fortement bien décrit! La citation au début sera sans doute critiqué car elle pourrait faire passer le film comme bien-pensant mais en fait non, au contraire, justement c'est pour nous démontrer ce que le film avance: Le succès découle de la mode, d'une mouvance, et non du talent, et si tous le monde va voir, et bah tous le monde va considérer que c'est forcément bien.
Bref, j'approuve, et je recommande! Burton n'a en aucun cas perdu son talent!