Popularity is the slutty little cousin of prestige.

Que feriez-vous si vos jours de gloire étaient derrière vous ? S'il n'y avait plus de paillettes, qu'elles n'étaient que des souvenirs qui hantent vos nuits ? Que feriez-vous si vous regrettiez les sacrifices que vous aviez consentis ? Préféreriez-vous fuir ? Mourir ? Vivre une vie moins excitante ? Ou préféreriez-vous renaître de vos cendres et prendre le risque de connaître une période encore plus sombre par la suite ?


Birdman est le récit extraordinaire d'une perte. C'est un film spécial car honnête. C'est un film qui nous touche aussi car, bien que nous, public, n'ayons jamais atteint les mêmes sommets que le personnage de Michael Keaton, nous avons tous connu des tragédies semblables à notre échelle. Dans cette optique, chaque instant de tristesse dans le film, chaque peur, chaque doute, chaque moment d'espoir auquel nous assistons nous semblera familier. Peu importe que ce qui se passe devant nos yeux ne soit pas réel, son écriture plus complexe qu'il n'y paraît nous invite à creuser en nous pour y retrouver les moments de solitude qu'on a pu connaître.
Le résumé du film n'inspire pas grand chose. Michael Keaton joue Riggan Thomson, une ancienne star de film de super-héros, en l’occurrence Birdman, qui tente de redonner de l'élan à sa carrière en écrivant, dirigeant et jouant dans l'adaptation au théâtre de l'oeuvre de Raymond Carver "What We Talk About When We Talk About Love". Le récit traite donc de la production et la mise en place de la pièce à trois jours de la grande première.


Naomi Watts et Andrea Riseborough sont toutes les deux brillantes, dans un registre différent, pour nous montrer ce que jouer un rôle représente pour un acteur (ou une actrice ici). Michael Keaton est nécessairement convaincant et même très performant dans un rôle qui semble autobiographique. A mon avis, cependant, la performance la plus marquante est celle d'Edward Norton. Son rôle est probablement l'un des meilleurs de sa carrière et son personnage un des plus complexes, si ce n'est le plus complexe, qu'il ait eu à jouer depuis Fight Club. On notera également la prestation tout à fait correcte d'Emma Stone avec notamment ce fameux monologue où elle manque de s’époumoner. Elle aura rarement aussi bien joué. Mention, enfin, à l'ami Zach Galifianakis qui montre sur les courtes séquences qui lui sont offertes qu'il sait jouer autre chose que l'idiot du village.


Beaucoup de choses ont été dites sur la réalisation. Le film donne l'illusion de n'être qu'une seule prise de deux heures, et bien que ça ne soit pas tout à fait le cas, l'effet fonctionne à merveille. Toutefois, il ne faut pas se cantonner à la prouesse technique. La force d'Alejandro G. Iñárritu est de rendre son concept parfaitement regardable, sans qu'on ne se lasse à aucun moment ou que ça ne semble forcé.


Rappel enfin à tous ceux qui espèrent encore voir un film de super-héros: contentez-vous du trailer, toutes les scènes que vous voulez voir y sont ou presque.
"Birdman" est un film dénonciateur, qui tape autant sur le clinquant Hollywood que le Broadway hautain. Un film très, très intéressant sur la vie après la gloire.

Créée

le 11 févr. 2015

Critique lue 561 fois

20 j'aime

1 commentaire

Jake Elwood

Écrit par

Critique lue 561 fois

20
1

D'autres avis sur Birdman

Birdman
JimBo_Lebowski
7

Rise Like a Phoenix

Iñárritu est sans aucun doute un réalisateur de talent, il suffit de jeter un œil à sa filmographie, selon moi il n’a jamais fait de mauvais film, de "Babel" à "Biutiful" on passe de l’excellence au...

le 12 févr. 2015

142 j'aime

16

Birdman
Morrinson
5

Batman, évidemment

"Birdman", le film sur cet acteur en pleine rédemption à Broadway, des années après la gloire du super-héros qu'il incarnait, n'est pas si mal. Il ose, il expérimente, il questionne, pas toujours...

le 10 janv. 2015

138 j'aime

21

Birdman
Sergent_Pepper
4

Opening fight.

La promotion de Birdman était une double fausse piste. La bande-annonce se concentre avant tout sur les fantasmes blockbusteriens du personnage principal, qui n’occupent finalement qu’une portion...

le 6 févr. 2015

130 j'aime

45

Du même critique

Seul sur Mars
JakeElwood
6

Il faut encore sauver Matt Damon.

Après la vague de biopics en tout genre et l’overdose de super-héros, sommes-nous en train d'assister au début de la mode des films dans l’espace ? Après Gravity et Interstellar pour ne citer qu’eux,...

le 23 oct. 2015

50 j'aime

4

Annie Hall
JakeElwood
7

A relationship, I think, is like a shark. You know? It has to constantly move forward or it dies.

Attachez vos ceintures, nous voilà partis pour 1h33 de dialogues non-stop ! Pas d'escale avant la fin du film, j'espère que vous avez pris vos précautions. Considérée par beaucoup comme une des...

le 22 juil. 2014

49 j'aime

3

La Chasse
JakeElwood
9

Le poids des mots.

En premier lieu, pour avoir vécu dans la province danoise, je tiens à souligner le réalisme prenant du village au cœur de l'hiver danois. On s'y croirait à tel point, aussi bien au niveau des décors...

le 2 mai 2014

39 j'aime

4