Une chose est sûre : ce film a été écrit spécialement pour Michael Keaton. Aucun scénario n'aurait pu autant faire écho à la vie du premier Batman, qui a connu la gloire avec Tim Burton avant une (longue) traversée du désert. Mais ce passage à vide prend aujourd'hui fin, grâce au talent d'Alejandro Innaritu. Birdman est favori pour les prochains Oscars, et c'est amplement mérité. Pourquoi ?

Déjà, parce que le casting est fabuleux, que dis-je, majestueux. Outre Michael Keaton qui met toutes ses tripes dans le rôle de cet acteur de blockbuster tentant un retour sous les feux des projecteurs avec une pièce d'auteur, tous les rôles qui l'entourent ont leur heure de gloire. Edward Norton livre une prestation époustouflante d'un acteur qui joue mieux que ce qu'il ne vit sa vie. Il est totalement possédé par ce rôle, et sa folie permet de purs moments jouissifs. Emma Stone ne fait pas non plus figure de plante verte puisqu'elle a de belles répliques, et quoi que disent certaines critiques qui la trouvent insupportables, elle est pour moi d'une justesse remarquable. Enfin, que ce soit Naomi Watts ou Zach Galifianakis, les rôles leur collent à la peau.

Ensuite, parce que Innaritu est un cinéaste de talent. Je l'avoue sans aucune honte, je crois bien que c'était mon premier film d'Alejandro, et j'ai été subjugué par son positionnement de caméra toujours juste, qui permet de saisir au mieux les émotions de ses personnages. En revanche, si la succession de plans séquences qui compose ce film est la preuve d'une maîtrise parfaite de l'image, elle en est parfois un peu étouffante. Attention à ne pas non plus tirer sur la corde (certains champs/contre-champs auraient été par exemple plus judicieux, mais n'étant pas un expert en la matière je ne m'étendrais pas plus sur le sujet).

Enfin, parce que Birdman est tout sauf un film de super-héros. Prenant le contrepied de sa propre bande-annonce qui prenait soin de montrer toutes les scènes déjantées, elles ne ponctuent en réalité que certaines parties, fantasmées, du film. On s'intéresse alors davantage au vécu du personnage principal, pris au piège par son rôle d'antan, et qui cherche à tout prix à connaître de nouveau le succès en tant qu'acteur, et non pas seulement en tant que célébrité. En essayant de faire taire la voix de son alter-ego ailé, Riggan essaye alors de fuir la facilité en prenant le chemin opposé à celui que tout le monde attendait qu'il prenne. Comme le film Birdman.
Thibaulte

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