Fonds de tiroirs...

Quand un studio bénéficie d'une grande licence pleine de super-héros et qu'elle ne sait pas quoi en faire, voici ce qu'on obtient: un film complètement inutile qui semble racler les fonds de tiroirs...

Après l'échec critique de Suicide Squad, la Warner a voulu changer de ton et a opté pour une pâle copie de Deadpool en mettant Harley Quinn au centre du récit. Sauf que dans ce cas-ci, ça ne fonctionne vraiment pas. Bine évidemment, on reconnait l'influence de la série de comics parue dans la saga DC Renaissance en 2013. Ayant lu et apprécié cette dernière, j'ai trouvé cela sympa de voir quelques similitudes entre les deux. De ce côté-là, on peut dire que c'est assez fidèle. Mais ce qui fonctionne bien en comics ne fonctionne pas forcément bien à l'écran...

J'ai trouvé ce film faussement cool. Les vannes tombent à plat et tout semble tellement forcé. C'est un peu comme si les acteurs étaient assis à côté de nous et qu'ils nous donnaient des coups de coudes pour nous dire quand rigoler. C'est l'effet que ça m'a fait. Ajoutons à cela un scénario inexistant et dans lequel les coïncidences s'enchainent à une telle vitesse qu'on finit par ne plus y croire un seul instant.

Même les personnages, les fameuses Birds of Prey, sont mal exploitées. On remarque que le personnage de Harley Quinn a subi un traitement de faveur. En même temps, c'est logique, puisqu'il s'agit du personnage le plus populaire de ce film. Pas étonnant qu'on veuille capitaliser dessus (d'ailleurs, le film a changé de titre peu après sa sortie pour y ajouter le nom de l'anti-héroïne clownesque). Mais du coup, cela rend les personnages secondaires peu intéressants puisqu'ils sont très mal exploités. Huntress, interprétée par Mary Elizabeth Winstead, avait toutes les cartes en mains pour devenir un personnage incontournable du film. Au final, son rôle se limite qu'à quelques apparitions ici et là, et à un petit flash-back servant à raconter ses origines. C'est assez faible comme traitement...

Du côté des méchants, nous retrouvons Ewan McGregor qui incarne ici un personnage inhabituel dans sa carrière. Il est ici en roue libre et cabotine pas mal, mais ce n'est pas pour autant déplaisant de le voir dans un tel registre. Et finalement, je me rends compte qu'il s'agit d'un des rares éléments positifs que j'ai pu constater dans ce film. Allez, on va également ajouter les quelques scènes de baston assez stylées, où les paillettes se mêlent au sang et à la sueur. Seul petit reproche de ce côté-là, c'est que c'est louable de la part des comédiennes de vouloir effectuer leurs propres cascades, mais cela se ressent à l'écran et afin d'avoir un rendu plus optimal, il aurait peut-être été préférable de faire appel à des doublures cascades. Mais bon, heureusement, le montage est assez dynamique pour masquer l'illusion des figurants qui font des efforts pour tomber tout seuls.

Au final, ce film est un bon exemple de pourquoi le DCEU n'a jamais réussi à prendre la mer. La Warner a voulu dans un premier temps imiter la concurrence mais a fini par se brûler les ailes en cours de route. Ce qui fait que la plupart des projets du DCEU semblent naviguer à l'aveugle. Lorsque l'on compare les différents films du DCEU, il est flagrant de constater qu'il n'y a aucun réel fil conducteur et que la franchise est en totale roue libre. Même s'il ne fait pas partie du DCEU, c'est quand même dingue de voir qu'un film comme Joker est sorti à quelques mois d'intervalle avec Birds of Prey. C'est un tout autre monde.

Je suis tout de même un peu curieux de voir ce que James Gunn va faire avec The Suicide Squad. Va-t-il réussir à offrir une personnalité à cette franchise qui en aurait bien besoin? Cela ne doit pas être évident pour un cinéaste de jongler avec des personnages qui ont été malmenés tout au long de leurs apparitions à l'écran...