Mavela et Marwan,deux jeunes bruxellois,tombent amoureux mais ce n'est pas une bonne idée.Parce que ce sont des délinquants multirécidivistes,ils se sont d'ailleurs rencontrés au commissariat,qui appartiennent à des gangs rivaux se vouant une haine mortelle.Ils se voient en cachette et leur relation les amène à vouloir changer de vie,rompre avec la criminalité,mais leurs bandes découvrent la vérité,ce qui va provoquer des règlements de comptes et des atrocités en série."Black" est le deuxième long-métrage du duo de réalisateurs-scénaristes belges d'origine marocaine Adil El Arbi et Bilall Fallah,qui constituera leur passeport pour Hollywood.En effet le producteur Jerry Bruckheimer,mogul du blockbuster d'action,a découvert le film lors d'un festival et a été tellement séduit qu'il a embauché les compères afin qu'ils mettent en boîte un "Flic de Beverly Hills 4" qui ne s'est finalement pas fait.En compensation Bruck leur a filé les clés de "Bad Boys for life",suite du célèbre diptyque de Michael Bay.Cet enthousiasme parait un peu excessif au vu de ce produit bien fait mais ne présentant guère d'originalité dans le contexte du genre "gangs de cailleras de banlieue" qui a été l'objet de multiples oeuvres depuis les années 90 et "La haine" de Kassovitz.On décèle d'ailleurs au fil de l'histoire de nombreuses réminiscences,les plus notables étant "Les affranchis" et "La squale".Ceci dit,c'est tiré de romans de Dirk Bracke mais le script est clairement une énième adaptation de "Roméo et Juliette".L'oeuvre a été beaucoup portée à l'écran,de Cayatte à Luhrmann en passant par Zeffirelli,et même le prisme de la guerre de gangs a déjà été utilisé dans "West Side Story" ou "China Girl".El Arbi et Fallah nous cuisinent ça à la sauce si prisée actuellement du néo-polar belge et il faut avouer que ça fonctionne assez bien.Leur mise en scène très découpée sait trouver les angles et valoriser des décors bien connus de barres d'immeubles déprimantes,de gares impersonnelles,de métros dégueus,de boîtes de nuit au son abrutissant ,de postes de police minimalistes et de squats crados.Ils maîtrisent aussi une narration qui progresse inéluctablement vers une résolution qu'on sent tragique en semant tout du long des éclats de violence d'une absolue sauvagerie.Et c'est là qu'ils se distinguent particulièrement,dans cette description vériste d'un univers où l'espoir ne peut exister sans se transformer en danger.Les personnages,ces "chances pour la Belgique" tous issus de l'immigration africaine,ne sont que des animaux conditionnés par tout le fourbi post-moderne,rap,trafic de drogue,alcool,malbouffe,parents dépassés,flics impuissants,mépris et chosification de la femme,flingues et langage dégénéré de crétins de la zone.Ils ne savent que voler,tuer,violer et se bastonner,passant leur passionnante existence entre trafics,rackets,rapines,tournantes et fêtes tribales "comme là-bas".Totalement dépourvus de culture comme d'intelligence,ils font à l'occasion dans la pleurnicherie victimaire,se plaignant amèrement de ces méchants belges racistes qui ne les aiment pas et font rien qu'à les stigmatiser.Sauf qu'ils se regroupent systématiquement en clans ethniques qui détestent cordialement les autres races,comme le montre ici cette lutte mortelle entre noirs et arabes.Les auteurs essaient d'introduire une note d'espoir en suggérant que seul l'amour pourrait transcender le mauvais karma de cette jeunesse clairement inadaptée à la civilisation,mais la noirceur et la tragédie concluant le film viendront contredire cette espérance entrevue.Les jeunes acteurs sont si naturels et convaincants que ça en devient inquiétant et qu'on se demande s'ils jouent des personnages ou se contentent d'être eux-mêmes.Le couple de lovers est excellemment incarné par Martha Canga Antonio et Aboubakr Bansaihi tandis que dans le rôle du chef de la bande de blackos,un ancien enfant soldat apparemment,Emmanuel Tahon fout carrément la trouille tellement il sonne vrai.

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le 14 juin 2022

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le 14 juin 2022

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