Blackenstein
Blackenstein

Téléfilm de William A. Levey (1973)

Film typique des années 70 et de cette vague de cinéma militant qui voulait remettre les afro-américains sur le haut de l'affiche et dans des rôles principaux, Blackenstein est un pur produit la Blacksploitation. Cette vague de cinéma populaire est d'ailleurs tout autant un filon commercial et culturel qu'un véritable mouvement politique et social, de nombreux cinéastes et producteurs souhaitant par opportunisme retrouver le succès de l'un des films fondateur du courant le très politisé Sweet Sweetback's Baadasssss Song de Mario Van Peebles sorti en 1971 et ses 15 millions de dollars de recette au box office US. La Blacksploitation plus largement orienté vers l'action, le polar et la castagne ira toutefois s'acoquiner avec le fantastique et l'horreur jusqu'à s'en réapproprier les figures mythiques ; c'est ainsi que la même année sortiront Blacula et Blackenstein puis plus tard Dr Black et Mister Hyde et Abby une version afro de L'Exorciste. Blackenstein réalisé par William E Levy fait donc parti des pionniers de ce sous genre.


Blackenstein c'est l'histoire du Dr Winifred Walker , une jeune femme qui souhaite aider son compagnon Eddy revenu du Vietnam avec les quatre membres amputés. Pour cela elle contacte le Dr Stein spécialiste des greffes et prix Nobel de traitement expérimentaux à base d'ADN afin de soigner le soldat. Mais l'assistant du DR Stein , éconduit et jaloux de la belle jeune femme, va mélanger les flacons d'ADN finissant par transformer Eddy en monstre...


Blackenstein revisite donc le mythe de l’œuvre de Mary Shelley à grand coups d'arguments pseudo scientifique assez fumeux. Le Dr Stein (dont on nous épargne qu'il pourrait s'appeler Franck) réalise donc des greffes express qu'il consolide à coup d'injection d'ADN quitte à avoir un patient avec une jambe de gazelle. Du coup notre scientifique possède des tonnes de petites bouteilles avec des ADN différents dont une avec de l'ADN sauvage et une autre avec de l'ADN préhistorique (??) , forcément lorsque l'assistant jaloux commence à échanger les précieux liquide dans les flacons ça va tourner vinaigre. Les injections faites dans le pauvre Eddy lui font alors pousser les sourcils et le bas du front tout en décuplant sa force créant une créature monstrueuse et accessoirement cannibale. Notre brave Eddy (Joe De Sue dont ce sera le seul film) reprend ici la démarche et partiellement le look inoubliable immortalisé par Boris Karloff avec le pas lourd, les bras tendu et le front de six kilomètres surmonté ici d'une coupe afro. Mais à la différence du monstre innocent et inconscient de sa puissance physique, Blackenstein est bien plus vénère, il ira d'abord boulotter le bras d'un infirmier un poil raciste qui lui avait manqué de respect avant de s'attaquer assez indifféremment à des hommes et des femmes sans se soucier de leur couleur de peau (belle preuve d'humanisme).


Blackenstein est assez amusant mais malheureusement pas d'une folle énergie. Le film de William E Levy met beaucoup de temps à installer son cadre scientifique saugrenue même si le laboratoire du Dr Stein plein d'éléments du Frankenstein de James Whales, de potions fluorescentes, d'étincelles et d'éclairs bleus fait son petit effet. En revanche ce bon Blackenstein ne fait pas vraiment peur et la créature n'est pas du tout touchante et émouvante comme elle pouvait l'être dans le film culte de 1931. En revanche le réalisateur joue plus ouvertement la carte de l'horreur à coup d'effets gore très rudimentaires mais plutôt amusants avec démembrements et tripailles. Ajouter à tout ceci un petit touche d'érotisme, un peu de musique soul, une longue blaguounette pas drôle sur un chien qui parle et vous aurez votre cocktail pour un bon petit film d'exploitation.


Visiblement Blackenstein est loin d'être le meilleur film de ce courant horrifique et fantastique de la blacksploitation mais cette curiosité n'est pas non plus dénué d'un certain charme. En tout cas le film mérite mieux que cette affiche DVD absolument immonde.


freddyK
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le 20 juil. 2022

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