Avec BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan, Spike Lee signe une comédie satirique tirée d’une histoire vraie, portée par un duo chargé d’infiltrer le KKK.
Le ton mordant du film fonctionne d’emblée : on se moque sans détour des membres du Klan, souvent réduits à des caricatures grotesques, ce qui donne lieu à plusieurs scènes franchement drôles. La force du film repose en grande partie sur le contraste entre Ron, incarné avec un solide second degré par John David Washington, et Flip, joué de manière plus sobre par Adam Driver. Leur dynamique, bien que sous-exploitée, reste efficace. Le casting secondaire, quant à lui, joue juste, renforçant cette galerie de personnages aux postures tranchées.
J’ai apprécié l’ambiguïté morale présente dans l’écriture : si certains policiers sont ouvertement racistes, d’autres incarnent une forme de neutralité ou de justice attendue. Même la révolte afro-américaine est traitée avec recul, évitant un manichéisme trop appuyé… du moins jusqu’au final. Ce dernier, en glissant soudain vers une forme documentaire très frontale, casse l’équilibre du film et en souligne un message trop littéral. D’un point de vue esthétique et narratif, le tout reste relativement sage, sans éclat marquant.
En somme, BlacKkKlansman est une satire intelligente mais inégale, qui séduit par son ton et ses intentions mais se pare d'une esthétique trop classique pour être réellement marquante.