Blade Runner 2049, peu de films ont eu autant d'attente depuis un moment. Suite du chef d'œuvre de Ridley Scott, ce film de Denis Villeneuve doit à la fois rester dans la veine du premier tout en proposant une expérience renouvelée. Le résultat ? Une réussite totale.
L'ambiance visuelle qui était la force du premier, on récidive. On se retrouve dans un univers oppressant, d’un calme absolu qui va permettre un contraste total avec les scènes d'actions proposées. Chaque visuel émerveille, et force est de constaté que nombres de plans iconiques vous resteront en mémoire. Cependant l'image ne serait rien sans l'ambiance sonore qui l'accompagne. Une musique enivrante signée Hans Zimmer garde en haleine tout le long. Alternant avec des touches plus "électro" cette bande son prend par les tripes et ne vous lâchera pas.


L'esthétique c'est bien, mais le contenu alors ?
Malgré certaines critiques, le scénario signé Hampton Fancher et Michael Green est dense. L'ambiance froide (voire glaciale) du film pose un contraste total avec celui-ci. Mais tellement de thématiques vont venir se proposer en opposition total au 1er.


Denis Villeneuve a choisis pour ce long métrage de sortir des carcans du premier. Dans Blade Runner, la presque totalité de l'action se déroulait dans une ville, rendant l'action beaucoup plus oppressante (cf la scène finale), ici la majorité de l'action va se dérouler dans des environnements désertiques. Le calme total de chaque scène rend un certain malaise. La nature déjà peu présente dans le premier mais complètement inexistante ici. C'est une société poussée dans ses retranchements que nous propose ce Blade Runner 2049. Peu d'humains sont encore sur terre, les plus riches se retrouvent dans les "colonies" mais ce qui nous intéresse c'est ici, sur terre. Dans une société enfermée entre pauvreté et racisme (envers les répliquants), Denis Villeneuve a poussé la dystopie. Cette société perdue dans un capitalisme poussé à l'extrême, au point ou la vie sera contrôlée par une entreprise et les relations amoureuses achetées. La Wallace Corporation est seul et unique maitre du monde.


Dans cet opus l'objectif des personnages a finalement beaucoup changé, quand sous la direction de Ridley Scott on ne regardait que les aventures du blade runner Deckard à la recherche des repliquants, celui-ci nous propose un officier K qui erre dans la région dans un but assez différent. Il n'est pas là simplement pour éliminer des répliquants mais va œuvrer dans un but plus idéologique : détruire l'humanité qui pourrait être présent chez les répliquants. Et c'est dans cette thématique que le film va dépasser le stade de simple bonne suite pour devenir à l'instar d'un Terminator 2, un film à part entière qui cristallise quelque chose d'unique. Le film essaye de poser la question en quoi l'officier K serait-il moins humain que les autres. Un point m'a beaucoup plu à ce sujet, le travail des regards, ceux-ci rendent (inexplicablement) les personnages humains et à contrario certains des humains deviennent de vrais robots. Ce travail est en grande partie réussie grâce au jeu des différents acteurs. La direction est absolument incroyable, d'un Ryan Gosling qui d'un regard arrive à faire passer des émotions, un Harrison Ford ayant toujours autant de prestance voire même un Jared Leto (présent pour 3 scènes) qui crève l'écran. Mais la vraie performance vient des femmes dans ce long métrage, toutes plus incroyable les unes que les autres. Robin Wrigth qui campe son rôle à merveille, Sylvia Hoeks quant à elle est simplement grandiose et bien sûr, la performance du métrage : Ana de Arma. L'humanisation de sa relation avec Ryan Gosling est tout simplement incroyable, seul Her a réussi à faire aussi bien/mieux. Cette relation est finalement centrale à la thématique, l’humanisation des robots qui se confonde des humains à exception seule de la technique (Joy ne peut se déplacer dans l’espace) mais au final toute leur relation est la même que celle des humains jusqu’au point ou leur objectif est d’avoir. L’exemple idéal est bien entendu le plan à 3, qui pour arriver dans l’intimité, soit une grande partie d’un couple, soit obligé d’engager un prostitué afin de pouvoir avoir un rapport.
Le film nous dépeint un monde où l’on ne voit que les répliquants et que très peu d’humain. Ils ont l’air à l’instar de l’apartheid plus nombreux mais en position de faiblesse. Mais ceux-ci deviennent au final plus humain que les humains. Ils viennent jusqu’à mentir, contre leur nature, pour protéger les siens. Leurs comportements sont guidés par les sentiments et non par une logique robotique. Ils vont œuvrer vers la liberté, jusqu’à une possible révolte. Ils ne sont plus simplement les sous-fifres des humains mais des êtres à part entière qui réfléchissent et agissent en leur intérêt.
Les humains quant à eux sont exposés en seulement 2 personnages (considérons même s’il n’y a pas de preuve que Deckard est un répliquant). Et ces deux personnages sont cantonnés dans leur rôle. Jared Leto de son côté est seulement un chef d’entreprise qui n’a pour seul objectif de gagner de l’argent, il est prêt à tuer ses créations pour pouvoir garder son pouvoir. Robin Wright est pareil que le personnage de Mr Wallace, elle ne possède qu’un seul objectif. Comme si ces deux personnages avaient été simplement programmé à une fonction et ne pouvait en sortir. Jamais ils ne sortiront de leur rôle et ne seront au final jamais plus qu’une fonction de leur entreprise. Tout l’opposé des repliquants qui eux sortent de leur rôle dans la société. Ils deviennent plus que des simples objets.


Finalement Blade Runner 2049, est un film aux thématiques fortes qui divisera mais qui permettra de sortir des blockbusters actuels. Le tout est accompagné d’une violence, rare, mais cru qui choquera. Un film qui a défaut de remplacer son prédécesseur a su devenir un objet de cinéma autre. Un bol d’air frai dans une production actuelle toujours plus lissée. Malgré ses quelques longueurs le film est simplement un immanquable de la SF qui marquera son temps et surement l’histoire.


Ps : C'est ma 1ère critique soyez gentil

VictorDyt
9
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le 7 oct. 2017

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Victor Dyt

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