Blade Ruinneur
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le 4 oct. 2017
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Difficile de donner un avis définitif sur ce Blade Runner. C’est un film dense et complexe à appréhender, qui nécessite plusieurs visionnages, chacun suffisamment espacé pour en laisser décanter le contenu.
Donc Blade Runner 2049 est la suite de Blade Runner. Je le mentionne parce qu’à ce que j’ai pu lire où entendre, il semblerait que certains aient oublié le concept même de suite : oui il y a des thèmes et des personnages communs aux deux, des clins d’œil visuels et artistiques. Et c’est logique parce que c’est une suite. Une autre question qui revient souvent : cette suite est-elle légitime ? Non, répondent certains, car le premier film se suffit à lui-même. C’est vrai, mais le cinéma est rempli de films qui se suffisaient à eux-mêmes et qui ont pourtant donné des suites tout à fait honorables (on pense tout de suite à Terminator 2 ou Aliens).
Blade Runner 2049 doit donc assumer la lourde tâche de succéder au premier, sorti il y a plus de trente ans et qui s’est taillée une solide réputation de film culte. Mais la comparaison demeure difficile car si Blade Runner avait une unicité de lieu et d’atmosphère (toute l’action se déroule dans la ville), ce n’est pas le cas de 2049, puisque le héros sort à plusieurs reprises. De même pour la musique : la BO de Hans Zimmer est correcte, mais elle n’a pas la pesanteur de celle de Vangelis. Mais d’un autre côté, Vangelis avait le luxe de travailler sur ambiance unique, celle du film noir, ce dont n’a pas vraiment bénéficié Zimmer. Pour autant, le travail de Villeneuve est remarquable ; il réussit à restituer l’ambiance du premier tout en la faisant évoluer (normal, puisque l’histoire se passe, encore une fois, après).
J’ai aussi pu entendre et lire que le scénario était vide. Ce n’est pas complètement faux. Mais tout comme le premier, ce film place son centre de gravité bien plus sur son personnage principal que sur l’intrigue. Mais peut-être un peu trop dans ce cas présent et les enjeux ne se matérialisent jamais vraiment. Dans le premier, le problème que pose les Réplicants est clairement exposé et montré dans les premières minutes. C’est très simple, mais ça fonctionne. Ici pas vraiment, le problème est expliqué, mais ne prend jamais vraiment forme. Et ce phénomène se retrouve très bien dans « le méchant » de 2049 : il est trop peu développé, ses motivations ne sont jamais claires et, il faut bien le reconnaître, il est un peu caricatural. La menace est finalement bien plus matérialisée par le personnage de Luv, mais elle n’est que le bras droit de Wallace. Mais en réalité, l’important ici est bien le personnage de K, sa quête identitaire. Beaucoup ont affirmé que le personnage Joi ne servait à rien, c’est vrai si on s’arrête au scénario seul mais si on admet que le vrai cœur du film est K, alors il est essentiel.
Je termine sur la SF en général et le sens qui lui est attribué. Je vois beaucoup de personnes affirmer que ce Blade Runner en montre trop, que finalement la SF n’est jamais meilleure que lorsqu’elle suggère. De même, celle-ci doit forcément être critique, subversive, bref prendre position. Je trouve pour ma part que ce Blade Runner 2049 est un film de son époque. A l’heure des interrogations sur la place de l’IA dans nos vies, de la robotique, de la réalité augmentée, voire même de la domotique, ce film est tout à fait pertinent. Ne pas matérialiser Joi (comme dans Her) aurait été un meilleur choix ? Non, car c’est justement cette matérialisation qui donne à notre rapport à la réalité une autre dimension. On ne peut pas toujours se contenter de suggérer (position prudente), il faut parfois montrer car cela pose avec bien plus d’acuité la problématique de l’altérité. Bref, on ne peut pas rester constamment dans la représentation de la réalité, mais se poser la question de l’évolution de celle-ci et c’est ce que tente de faire Blade Runner 2049. Ce film est critique, mais il n’a pas vocation à être subversif ou même pessimiste. La fin n’a pas tant d’importance, ce qui compte, c’est comment on y parvient.
Le premier Blade Runner a mis une dizaine d’années avant d’accéder à la notoriété, on verra bien ce qu’il en sera avec Blade Runner 2049.
Créée
le 13 oct. 2017
Critique lue 248 fois
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