On continue toujours de rêver de moutons électriques 30 ans plus tard ?


Dekhard : Quel est ton nom ?
K : K .
Dekhard : Ce n'est pas un nom ça, c'est un matricule. Quel est ton nom ?
K: Joe



Blade Runner 2049 ! Un film qui se passe 30 ans après les événements du premier film (35 ans pour nous...je suis vieux putain...). Un projet que Ridley Scott avait en tête depuis un moment (1999, du temps où il allait accouché du culte Gladiator, au moment où il refaisait des bons films quoi). Donc après avoir comme idée d'en faire une préquel avec Christopher Nolan à la réalisation en 2009 (on aurait donc dit adieu à Inception...), le projet est passé dans plusieurs mains avant que Ridley Scott le récupère mais en tant que producteur (autant dire qu'on était tous entre 2). Et en 2015, il a été décidé que c'était Dennis Villeneuve qui serait à la réalisation avec Ryan Gosling et Harrison Ford au casting, Hampton Fancher au scénario et Roger Deakins à la photo. Donc malgré Ridley, on avait salade, tomate, oignon pour Blade Runner 2049. Il y a juste 2 problèmes : Comment faire une suite qui soit à la hauteur du premier Blade Runner et comment Dennis Villeneuve allait rester au top après avoir accouché de Premier Contact ? Mon avis est que bah...je comprends pourquoi Dennis Villeneuve n'ai pas motivé pour réaliser un remake de Dune proche de Jodorowsky. Parce que Blade Runner 2049 est tellement proche de ce rêve de cinéaste que cela en est troublant.



On voit tout en grand



Ce qui frappe, c'est le film. Il est gigantesque. Il est très rare qu'on ait un film au cinéma qui nous donne une impression de voyage et de gigantisme, s'il n'y a pas de robots géants à coté. Ici on a l'impression que l'univers de Blade Runner est vraiment très grand et plus spacieux que dans le précédent film. Mieux que ça, les lieux sont plus diversifiés. Bien sûr on a les aussi cette impression de gigantisme dans le premier Blade Runner mais c'était bien plus localisé. Ici, on a cette impression en permanence. En parlant de premier Blade Runner, il y a quelque plans clin d'oeil inoffensif. Même au niveau de la structure , le film débute exactement comme le premier Blade Runner avec le carton introdutif, présentant l'univers du film. Au niveau ce l'esthétique, on a une ambiance qui renvoie au premier film, notamment l'image de la ville sombre sous la pluie et la mégalopole vraiment urbaine digne d'un film noir. Cela dit, ce n'est que pour une moitié du film (grosso modo, c'est pour dire que ce n'est pas permanent). Le film est en effet bien plus lumineux avec plus de séquence en dehors de la ville de Los Angeles qui est plus lumineux. Ainsi, on est parti d'un film où tout était concentré dans la ville à un film où on découvre vraiment la Los Angeles et ses environs. Bref, on découvre bien plus l'univers de Blade Runner que dans le précédent film et ça c'est classe. Je n'ai rien contre l'aspect film noir renfermé du premier film, c'est ce qui faisait sa force et une partie de son culte; mais je trouve que la transition c'est bien effectué. Surtout on a aussi un jeu de couleurs que Dennis Villeneuve utilise dans tout le film. Là où la ville est dominée par le sombre et le noir, les lieux extérieurs sont dominés par le marron, le lieu où Deckard c'est réfugié est dominé par du jaune (tout comme la base de Neander Wallace , qui est aussi marron), la bataille finale se déroule dans la pluie bleutée, la maison, l'endroit ou se repose le Dr Ana Stelline est entièrement blanc (on y vient) etc etc. Du coup on a Dennis Villeneuve qui a mis de sa patte pour faire son film et c'est vraiment inattendu. Et la musique. Je me suis vraiment fait avoir. Jusqu'au bout j'ai cru que c'était Jóhann Jóhannsson, son compositeur fétiche ! Et ben non ! C'était Hans Zimmer ! Mais la partition est tellement proche de Johansson que c'était troublant. Cela dit je suis d'accord avec un de mes éclaireurs qui me disait que l'influence de Wallfisch a du jouer (il est aussi partout Wallfisch cette année !). Du coup musique super-géniale. La mise en scène est impressionnante et toujours plus ou moins en accord avec la narration. Ce n'est pas une redite de la mise en scène du premier film comme aiment faire les réalisateurs mais une mise en scène qui est propre au film (et comme je l'ai expliqué plus tôt, il y a quelques plans clins d'oeil au premier Blade Runner). Quant aux personnages, il y a de quoi être surpris.



L'Agent K pas à la recherche de l'Agent D



Dans le rôle de l'officier K, on a Ryan Gosling. Bon, c'est acteur qui n'a plus rien à prouver tant il a su tout jouer aux fils des années. Ici il incarne le nouveau Blade Runner. Mais un Blade Runner différent, au point que cette fois. Ridley à toi



It is a Replicant



Et le premier qui me dit que je spoile le film je dirais que...bah on le sait dès le début du film ! Oui c'est la particularité et le gros défaut du film, il est moins ambiguë envers ses personnages. Littéralement. Il laisse peu de place aux surprises concernant les personnages (enfin, sauf pour un) et on sait d'emblée, les auteurs ont décidé de ne pas qu'on s'attarde sur la vraie nature de K qui est un Replicant. Cela dit, le film exploite cette donnée pour en faire un solitaire rejeté des humains et de certains réplicants. Attends.


Blade + humain + chasseur de réplicants ? Ce n'est pas le postulat de départ de Blade ? Oui Blade le chasseur de vampires ? Ok le raccourci est rapide mais il se tient non ?


Bon si on excepte cette similitude, le personnage de K est intéressant, même s'il n'est pas aussi fun que l'ancien Dekhard. C'est un Replicant type Nexus VIII rejeté par les humains parce qu'il est Réplicant et qui noue une relation assez proche avec une I.A Joi (on y reviendra). Cependant, c'est surtout un homme sans repère (mise à par son I.A) qui n'a comme souvenir que ce qu'on lui a programmé (du moins semble-t-il)


Dekhard (Harrison Ford) est de retour et est humain (dites, je peux baisser ma note d'Alien Convenant, genre jusqu'à une étoile...s'il vous plait). Ah et pour les partisans : Oui il y a une phrase dans Blade Runner ou il dit que Rachel n'est pas une Réplicante. Voilà, ça c'est fait. Bon autant débunker toute suite, il n'est là que pour le 3e acte. En même temps on s'en doutait. Cela dit, sa présence ne fait pas fan service et est en lien avec les événements de Blade Runner. C'est un reclus vivant dans le passé et est la figure de l'Ermite (moderne) ronchon. Il n'est pas aussi faible que dans le précédent film mais, il en prend plein le visage aussi.


Et c'est là qu'on voit une différence qui va peut-être interloqué les fanboy hardcore. K n'est pas aussi faiblard que Dekhard. Il en prend plein le visage oui mais il reste plus badass que lui. Cela dit , mentalement, K en prend bien plus que Dekhard qui n'était avant qu'un Blade Runner taciturne un peu à la cool alors que K est plus sombre et rejeté. Sauf de 2 personnes.


La première est sa supérieur Joshi (Robin Wright)


Elle collectionne les rôles où il faut qu'elle meure cette année


Elle est assez dure avec lui et le garde du coin de l'oeil. Mais sa relation qu'elle nous avec K est plus maternelle qu'on pourrait croire (oui un peu comme Antiope pour Wonder Woman). Elle n'est pas aussi présente que ça mais bon.


La seconde est Joi (Ana de Armas, l'une des 2 folles dingues de Knock Knock) est une intelligence artificielle qui est là pour lui répondre à tous ses désirs. Et c'est à travers ce personnage que le film va bien plus loin que le premier Blade Runner, en étendant la question non seulement aux Réplicants mais aussi aux I.A; car comme Wall-E elle a finit par développer sa propre personnalité et sa propre conscience, alors qu'elle est sensée être...une femme-objet (donc on a un Replicant qui a pour "mère" sa supérieur et pour "copine" une femme virtuelle. Si là on ne part pas sur du fantasme....). Elle est pratiquement la version 2.0 du concept de Her si on va par là. Elle aime K au point de le soutenir quand il est persuader d'être quelque chose de plus pour


En parlant des antagonistes, ils sont intéressants et évidemment, sa manque de Rutger Hauer dans le film. Mais cela marche quand même. Dans le rôle de la partie philosophique Neander Wallace (Jared Leto) qui est dans l'idée l'archétype du gourou avec son apparence proche de Jésus aveugle. Il est le créateur des Nexus VIII qui les considère que comme des objets artistiques et non comme les humains. Il veut retrouver le miracle mais ne préfère pas ce salir les mains. Sa position d'homme de pouvoir donne un dimension philosophique au personnage inclus de base, mais aussi de fanatisme.


Luv (jouée par Sylvia Hoeks) est son bras armé. Au départ, on croit qu'il s'agit d'une réplicante pacifiste mais visiblement elle est prête à tout pour connaître où et qui est l'enfant miraculeux. Et elle est se montre bien plus cruelle qu'on pourrait le croire.


Les autres personnages sont assez secondaires mais marquant.


Parmi les réplicants, j'aurai aimé voir plus de Sapper Morton (Dave Bautista), le premier Réplicant qu'affronte Joe (oui maintenant je l'appelle Joe). Il montre qu'avec le temps les Nexus VIII ne sont pas aussi rebelles que les anciens Nexus VI et est le point de départ de l'affaire que devra résoudre Joe.


L'autre personnage dont le développement m'a surpris est Mariette (jouée par Mackenzie Davis ? La coincée de San Junipero ? l'épisode primée aux Emmy Awards de la saison 3 de Black Mirror ? Wow). Au départ, elle aurait du être une prostituée banale qui est au gout de Joe et que Joi s'en sert pour passer une nuit avec lui et au final il s'avère qu'elle était une Nexus VIII, membre d'une résitance plus pacifiste qui a protégé l'élu.


Et il y a un personnage dont je terrai son utilité avant la partie spoiler.



Sommes-nous tous ordinaires ?



Ici, le film ne pose pas la question si les androïdes rêvent toujours de montons électriques. En effet, bien qu'on suit les aventures d'un Blade Runner, la question de savoir si les Replicants ou les I.A peuvent être humains ou ressentir n'est pas le centre du film. Mais est-ce que sa vie peut bien plus que ce que ce qu'il est ou le condamne à être. Les Nexus VIII ne se considèrent plus comme des Réplicants mais comme des humains et ne désirent que vivre en paix. Mais il y a la loi et les Blade Runners chargés de les traquer et les éliminer. Et cela doit être bien plus dur pour Joe, lui même Réplicant et subissant une sorte de "racisme" qui au court de son enquête sur un miracle (un enfant né d'une humain et d'une Réplicante) finit par découvrir qu'il est bien plus qu'un Réplicant


allant jusqu'à croire qu'il est lui-même cet enfant en question


Cela le motivera à retrouver ses origines et aller de découverte en découverte quitte à perdre son emploi. Pareil pour Deckard, lui aussi ancien Blade Runner retiré du monde va finir par trouver sa place. Joi qui était une I.A sait qu'elle est sa place mais veut occuper un rôle différent avec Joe. Luv veut à tout prix prouver qu'elle la meilleur des Réplicants ce qui va l'amener à être de plus en plus offensive. L'histoire se suit très bien et au bout d'un moment, on pense que le film est sans surprises à ce niveau là. Jusqu'au retournement que je n'ai pas du tout vu venir


Au final on apprend que la mémoire de Joe a été constitué à partir de la mémoire de l'enfant, par ce même enfant il y a des années et qui s'avère être Dr Ana Stelline (Carla Juri qui est apparue dans Brimstone), une spécialiste de la mémoire mais qui possède un système immunitaire déficiente. Une révélation qui le déstabilisera, mais dont il se remettra avec la vision d'une version vierge colorée et géante de Joi qui le motivera à retrouver Deckard afin de l'amener auprès de sa fille


Du coup ici, les androïdes ont fini de rêver de mouton électrique et doivent savoir si leur destin est écrit. Joe l'a découvert et il a lutter pour ça. Et le final, même s'il est plutôt classe, laisse pas mal de questions en suspens.


Que deviennent les Réplicants rebelles ? Comment la police des Blades Runners va se remettre de l'attaque de Luv, que prépare Wallace ? Comment Dekhard va vivre avec sa fille ?


Mais en même temps, le premier Blade Runner aussi, sauf que ce dernier n'avait pas pris le soin d'aussi développer son univers et ses personnages, alors qu'ici, il y a trop de personnages marquants dont on ne saura jaais leur sort ou leur devenir.



Suite de 30 ans pertinente ?



A sa sortie, j'étais scotché par le film et ses qualités. Cependant, en y réfléchissant, il possède toutes les qualités d'un film qui nous laisse le soin de chercher les réponses. Du coup, on a un film de science fiction complet et d'envergure et qui malheureusement ne va pas motiver Villeneuve de réaliser Dune. Cela devient une habitude pour lui de livrer un film de science fiction qu'on attendais pas avant le prochain Star Wars. Imaginons qu'on lui demande de faire Flash Gordon avant le spin-off sur Han Solo !


Addendum: Finalement il va réaliser Dune

Créée

le 12 oct. 2017

Critique lue 597 fois

4 j'aime

Neo Cosmic

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