Exercice de style assez vain et creux, surtout bien trop long et délayé, faisant s'éterniser des scènes anecdotiques (celle avec le coq, notamment). On ne s'explique pas vraiment les intentions de l'auteur à recourir aux codes du film muet (format, cadre et omniprésence d'une musique pompière et tapant sur les nerfs) pour mettre en scène une adaptation à la sauce ibérique (flamenco et corridas) du conte des frères Grimm : Blanche-Neige. Passée la séquence inaugurale où l'arène devient le lieu de toutes les tensions exacerbées, point d'orgue de la grandeur, puis de la décadence, du célébrissime torero et de se femme, le film s'enlise rapidement, ne fait guère preuve d'inventivité, encore moins de poésie et d'allégorie. Tout se limite à la (pâle) copie de la chronologie événementielle du conte d'origine. Il n'y a ici aucun véritable travail sur la bande-son, limitée à une succession d'habillages musicaux 'folkloriques'. C'est donc l'antithèse plate et laborieuse du chef d’œuvre portugais Tabou. On peut également formuler quelques réserves sur la diligence d'un ex torero réduit à l'infirmité à enseigner les rudiments du métier à sa petite fille, tout comme le fanatisme sadique des aficionados et le cérémonial associé à la tauromachie, déjà au début du vingtième siècle, peuvent davantage rebuter qu'intéresser. Hormis le personnage de la méchante marâtre, on note peu d'approfondissement chez les autres (le père, la fille et les nains). Quelques plans travaillés sur l'esthétique noir et blanc ne suffisent hélas pas à sauver ce film d'un ennui certain.
PatrickBraganti
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le 5 févr. 2013

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