Block Z
Block Z

Film de Mikhail Red (2020)

Mikhail Red est un réalisateur philippin très intéressant. Son premier film, Rekorder, il le réalise en 2013 et remporte avec le Prix du meilleur nouveau réalisateur au Festival International de Vancouver en 2014. A partir de là, il va enchainer les films avec beaucoup de réussite au rythme de quasiment un par an. Citons par exemple Birdshot (2016), sorti chez nous chez Spectrum Films, Neomanila (2017), Arisaka (2021) ou encore son tout dernier, à l’heure où j’écris ces lignes, Deleter (2022). Bien qu’il se soit déjà essayé à l’horreur avec Eerie (2019), il ne s’était jamais aventuré dans le film de zombies jusqu’à Block Z, le film du jour, sorti en janvier 2020, soit 2 mois et des brouettes avant que l’épidémie de Covid 19 prenne une ampleur considérable. Bien que ne surfant donc pas là-dessus contrairement à plusieurs autres films de zombies sortis à ce moment-là, Block Z nous rappelle que nous sommes ô combien vulnérables en cas d’épidémie. Block Z est un film ambitieux, pas exempt de défauts, mais néanmoins sympathique et divertissant et me permet de continuer mon défi de regarder un film de zombies du plus de pays possible.


Université San Lazaro University. Une épidémie transformant les gens en monstres assoiffés de sang s’étend à vitesse grand V dans le campus. Les infectés se multiplient à la vitesse du son dans l’université et elle est rapidement mise en quarantaine par les militaires. Un groupe d’étudiants apprend qu’un hélicoptère va évacuer certains gosses de riche par hélicoptère et va donc essayer de rejoindre le toit de l’hôpital. Mais pour ça, ils vont devoir passer discrètement par divers bâtiments du campus. Voilà pour le plot de départ. Rien d’original en soi comme on peut le voir, avec de la survie classique où les personnages vont courir, se cacher, se battre en essayant de ne pas se faire mordre. Mais la critique sous-jacente du système scolaire philippin, et même de la société en général (riches vs pauvres via le personnage de Gelo), fait que Block Z va malgré tout sortir un peu du lot, d’autant plus que Mikhail Red évite d’y aller avec des gros sabots et ce n’est jamais lourdingue. C’est toujours dans ce genre de situation que vont ressortir les mauvais côtés de l’être humain. Égoïsme, lâcheté, conspiration vont rentrer en jeu. Rien de nouveau là-dedans non plus me direz-vous, c’est souvent le cas dans les films de zombies. Les personnages sont assez classiques, assez clichés même, avec le geek, le beau gosse sportif, la jolie fille, le père qui ne s’est pas assez occupé de sa fille, ou bien entendu le gros enfoiré qui va mettre tout le monde dans des situations à la noix. Mais il y a une certaine dynamique entre eux, avec des relations qui évoluent au fur et à mesure que le film avance. Le jeu des acteurs n’est malheureusement pas toujours au point. Autant certains s’en sortent très bien et on ressent vraiment la peur sur leur visage, autant d’autres ont plus de mal à interpréter certaines émotions. Ian Veneracion, une des plus grandes stars du cinéma d’action philippin, est par exemple bien plus à l’aise quand il faut taper du zombie que quand il faut jouer des scènes plus dramatiques.


Avec Block Z, nous sommes dans du zombie ultra nerveux, parfois à la limite de l’hystérie, façon 28 Jours / Semaines plus tard. Les attaques sont assez intenses et intéressantes, avec quelques moments assez gores : nez et autres morceaux de chair arrachés, râteau dans le crâne, giclées de sang diverses et variées. L’ensemble est des plus sympathiques mais on notera malgré tout deux problèmes. Déjà, le réalisateur succombe à la shaky cam, le cancer des scènes d’action, avec une caméra qui bouge dans tous les sens. On comprend qu’il veut donner encore plus d’intensité à ses scènes, mais le résultat fait parfois juste mal aux yeux. Deuxième chose, certaines victimes ont des réactions complètement connes avant de se faire mordre comme… rester immobile. Je veux bien que la peur paralyse, mais il y a malgré tout des limites… Bien que le film soit prévisible, les scènes de suspense sont assez bien rendues même si le film a parfois un timing horrifique un peu en décalage avec ce qu’il devrait, désamorçant parfois l’intensité de certaines scènes. En termes de mise en scène brute, c’est en effet en dessous du travail habituel du réalisateur. Par exemple, la photographie n’est pas toujours des plus réussies et quelques effets sonores / musiques ne sont pas toujours très appropriés. L’exécution n’est en effet pas toujours très bonne mais, malgré tout, Block Z est un divertissement des plus honorables car on sent une réelle envie de faire quelque chose avec un minimum d’ampleur et qui pourra parler aux amateurs de films d’horreur. On notera d’ailleurs des hommages aussi bien au Zombie de Romero, au 28 Jours Plus Tard de Boyle et Mikhail Red ne s’en cache pas (il le déclare sans souci en interview). On pourrait même déceler des références à la saga vidéoludique Resident Evil le temps de quelques décors. Block Z se termine sur un cliffhanger amenant une suite qui, 3 ans après, n’a toujours pas été produite. Et même si le film est bourré de défauts, on aimerait qu’elle voie le jour car on a quand même passé un bon moment et, en plus, certaines questions sont laissées en suspens.


Clairement inférieur à certains autres de ses films tels que Arisaka ou Birdshot, Mikhail Red réalise avec Block Z un honnête film de zombies. Les défauts sont évidents, mais le divertissement est là et c’est bien ça le principal.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-block-z-de-mikhail-red-2020/

cherycok
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le 3 oct. 2023

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