Bon, déjà la première chose qui est indéniable c'est qu'on en prend plein les mirettes. Ana de Armas est magnifique, et la photographie est vraiment jolie. Il y a des plans qui sont assez "osés", ce qui nous laisse penser que Netflix a sorti une nouvelle fois une carte blanche pour essayer de faire du "vrai cinéma".
Oui je dis essayer, car malgré une photographie léchée, on ne peut s'arrêter de penser que Andrew Dominik a vraiment bêtement collé tous les plans qu'il a pu chiner à droite à gauche pour en faire une œuvre la plus esthète possible. Mais hélas, cela ne prend pas. On enchaîne sans aucune logique des passages en noir et blanc à des passages en couleurs, et inversement, puis des formats 16:9 à des formats 4:3 et inversement, sans aucun contexte qui expliquerait ces changements. Hormis le passage de la demande en mariage (qui donne presque envie de lever les yeux au ciel par son manque de finesse), on semble voguer dans une sorte d'aléatoire, de découpage de plans désespérément à la recherche d'une cohérence. On sent qu'il y a désir de faire de l'art, mais le film n'y arrive jamais vraiment. Alors il essaie des choses, des choses déjà faites depuis des décennies, mais qui ne font qu'appuyer l'incompréhension du réalisateur sur ce qu'il fait.
Le gros point noir de ce film est probablement sa durée. Netflix étend, étend, étend encore un contenu qui n'est pas fait pour durer si longtemps, à l'image des séries qu'il produit. Car bien qu'il y ait deux ou trois bonnes idées au long du film, elles sont noyées dans la masse informe inutile qui ne raconte rien et qui ne fait rien ressentir. Frustrant.
Pour finir, le traitement de l'alter ego de Norma Jeane est étouffant de clichés et de gimmicks déjà vus et revus (la scène devant le miroir, vous l'avez prise pour le Bouffon Vert ou quoi ?). On semble ne voir aucune évolution au sein du personnage, ni au sein du jeu d'Ana de Armas tout le long du film. La seule chose qu'on sait, c'est que Norma est une femme brisée par son entourage et que les hommes sont des porcs, et c'est vraiment parce qu'on nous le hurle pendant trois heures dans les oreilles : rien d'autre. Ce qui a pour conséquence que sa "chute" ne semble être rien d'autre qu'un énième chapitre du film, tout aussi ennuyeux et dépourvu d'intérêt. Bref, un beau gâchis.