Blood Shack est à ma connaissance le seul film d'horreur et de rodéo de l'histoire du cinéma. Le film quasiment amateur et familiale est l’œuvre de Ray Dennis Steckler dont j'avais chroniqué le déjà bien gratiné The Incredibly Strange Creatures Who Stopped Living and Became Mixed-Up Zombie !!?. Blood Shack est une sorte de long calvaire de soixante dix minutes bercé par une voix off monocorde et bien gonflante qui passe son temps à raconter ce que le réalisateur est visiblement incapable de nous montrer.
Bienvenu dans l'ouest sauvage du Nevada avec Blood Shack qui nous raconte l'histoire d'une vieille cabane pourrie mais hantée depuis 150 ans par une très ancienne légende et malédiction amérindienne (oublié la grande maison de l'affiche). Quiconque rentrera dans cette foutue cabane sera effectivement tué par The Chooper un esprit amérindien bien énervé. Du coup le lieu est gardé par Daniel un fermier qui dissuade toutes les personnes qui voudraient y entrer jusqu’à l'arrivée de Carol qui a héritée des lieux par son oncle. Tout ceci sous le regard avide de Tim qui souhaite racheter la ferme et la cabane...
Blood Shack est un film qui n'a presque rien à raconter et à peine les moyens de montrer le peu qu'il aurait à dire, c'est dire à quel point le film n'est que vide intersidéral et remplissage forcené. Après avoir montrer une première version de 55 minutes, Ray Dennis Steckler se serait vu refuser une sortie en salles par les producteurs et serait donc reparti joyeusement pour filmer 15 minutes de plus de rodéo histoire d'atteindre une durée plus conforme. Car au beau milieu de cette intrigue horrifique et immobilière déjà pas folichonne le réalisateur nous balance de longue, très longue, trop longue séquences de rodéos commentées en voix off par la comédienne du film Carolyn Brandt (épouse du réalisateur). Et de la voix off le film nous en tartine des kilomètres que ce soit pour nous raconter la vieille légende au centre du récit, le vieil antagonisme entre deux familles rivales de fermiers ou les états d'âmes de notre héroïne qui s'exprime donc plus souvent par la pensée que par la parole. Toujours dans un soucis de remplissage le film nous balance parfois deux séquences quasiment identiques comme lorsque ce brave Daniel vient récupérer le corps d'une ou d'un aventurier qui n'a pas écouté ses recommandations sur la baraque maudite et que par deux fois il s'agace : « Oh mon dieu, je t'avais bien dit de t'éloigner de cette maison » le tout avant de charger le corps dans son pick-up pour partir l’enterrer dans le désert. Complètement fauché (on parle de 500 dollars et de quelques jours de tournages) le film n'a guère pour lui que ce grain si particulier des petits films crapouilleux des seventies car pour le reste, tout ou presque est raté ou délicieusement ridicule. Ainsi lorsqu'une campeuse vient squatter la maison qui ressemble je le rappelle à une petit cabane en bois et qu'elle se retrouve pourchasser de nuit par le chooper on a la sensation qu'elle court à travers une immense baraque de plusieurs pièces, enfin pour le peu qu'on voit car le film est éclairé à la lampe torche avec des piles en fin de vie. Mais bon, quand enfin on va découvrir le chooper en plein jour on va vite regretter l'obscurité, car avec sa dégaine de vieux ninja , sa moustache dessiné au feutre et ses attaques les bras en l'air en criant arghhhhhhhhh on est vraiment pas dans le top du boogeyman. Le final nous offrira tout de même une grande révélation sur l'identité du tueur mais je ne divulgâcherais point surtout que avec deux personnages et demi le suspens est immense.
Si je vous dit que le meilleur acteur du film est sans doute Peanuts le poney vous mesurerez le niveau des autres. Ray Dennis Steckler a donc embarquer sa femme (Carolyn Brandt) et ses deux filles Linda et Laura mais aussi deux comédiens qui sont Jason Wayne assez rigolo avec son chapeau trop grand et ses chemises trop petites et Ron Haydock dont ce sera étonnement (ou pas) le tout dernier film. Petit détail amusant, Carol le personnage interprété par Carolyn Brandt nous explique en voix off (forcément) qu'elle a raté sa carrière d'actrice de films d'épouvante et que son oncle quant à lui est un brillant réalisateur de film d'horreur. Et bim, je vous le donne en mille, lorsque Carol visite les bureaux de son tonton de magnifiques affiches des précédents films de Ray Dennis Steckler comme The Incredibly Strange Creatures Who Stopped Living and Became Mixed-Up Zombie !!? ou The Thrill Killers ornent fièrement les murs dans une autocélébration masturbatoire assez amusante. Après, que pourrais je encore ajouter pour vous donner envie, si ce n'est que le film comporte une séquence de baston qui m'a faites relativisé la virilité avec laquelle je me battais dans la cour de maternelle.
Bref si vous aimez le rodéo, les voix off, les tueurs ninjas, le rodéo, les chemises trop petites, les poneys, le rodéo, les cabanes en bois et accessoirement le rodéo, Blood Shack est fait pour vous.
Ma Note Nanar : 06/10