Doublement Vintage

En commençant à regarder Lune de Sang (Blood Moon) j'étais convaincu de découvrir un obscur petit slasher australien des années 70/80 période de prédilection du genre. Effectivement le film est assez vieillot dans ses effets et sa mise en scène et délicieusement kitsch dans sa mécanique scénaristique et surtout sa description des personnages et leurs relations … Sauf qu'en y regardant de plus près on se rend compte que le film date en fait de 1990 et que du coup il semblait déjà bien vieux à sa sortie au point qu'il semble carrément être une antiquité anachronique aujourd'hui.

Le film raconte l'histoire d'une petite ville secouée par un tueur qui s'en prend aux jeunes filles d'un pensionnat catholique en les étranglant avec une couronne de fil barbelé …

Difficile de savoir clairement si Lune de Sang comporte une dose d'hommage intentionnel ou bien si le film arrive vraiment lourdement avec dix ans de retard sans rien proposer de nouveau. Le film d'Alec Mills est en tout cas très loin d'être captivant surtout durant les deux gros premiers tiers du film dans lequel l'aspect slasher ne doit occuper qu'un tout petit quart d'heure. Durant un peu plus d'une heure on doit se coltiner des histoires assez insipides d'adolescent(e)s d'autant plus plombantes que le film ne brille ni par son scénario, ni sa direction d'acteurs ou encore son sens du dialogue. Il faudra donc se coltiner des romances tartignoles d'adolescents sur fond de musique d'ascenseur (pourtant signé Bryan May), une rivalité entre gosses de riches et moins fortunés qui n'apporte strictement rien à l'histoire le tout dans un format de cinéma qui sent déjà le formol et la naphtaline.

Quand l'aspect slasher reprend un peu le dessus on se dit que l'on va assister enfin à un petit whodunit sympathique sauf que le film nous sert sur un plateau le personnage du tueur avant même qu'on est l'occasion de s'interroger sur son identité. Lune de sang s'oriente alors plus vers le film de psychokiller mais en version Z avec un tueur bien peu charismatique, un flic pas très efficace et une religieuse vengeresse qui tente de mettre un peu d'ordre dans ce bordel... L'ensemble est platement mise en image et provoque un sentiment d'ennui et d'inutilité .

Étrange théorie de la relativité critique; j'étais dans un premier temps assez indulgent avec le film en pensant vraiment qu'il datait de la fin des seventies ….. Finalement pour une production du début des années 90 Lune de Sang est juste vieux et vraiment mal foutu.