Premier film réalisé par Paul Schrader, auteur de Taxi Driver, Raging Bull ou Obsession, excusez du peu, il ne s'attaque pas à un sujet facile. En l'occurrence une critique de la classe ouvrière américaine, et plus particulièrement trois d'entre eux, joués par Harvey Keitel, Richard Pryor et Yaphet Kotto, qui ont pour projet de dévaliser la caisse du syndicat de leur employeur, un fabricant de voitures, afin de toucher le gros lot. Enfin, croient-ils...


Le tournage a été extrêmement pénible pour Paul Schrader, qui s'est fait complètement déborder par ses acteurs principaux. Entre Harvey Keitel et Yaphet Kotto qui ne pouvaient pas se supporter, au point d'en venir aux mains une fois le plan dans la boite, Richard Pryor qui improvisait son texte, et se mettait en pétard contre le réalisateur car celui-ci multipliait les prises, et le décor principal construit car aucun constructeur ne voulait d'une équipe de tournage, il n'en fallait pas plus à Schrader pour désavouer plus ou moins son film, lequel sera un échec commercial, et dont il finira avec une grave dépression.


Malgré tous ces déboires, je trouve que le film s'en sort très bien, à montrer cette classe ouvrière, dit les cols bleus, bafouée, rabrouée, rabaissée, à l'image de ce manager qui n'est là que pour leur hurler dessus parce qu'ils ne vont pas assez vite. D'ailleurs, la vie de Richard Pryor et d'Harvey Keitel n'est pas non plus un long fleuve tranquille. Le premier fait face à un contrôleur fiscal, lequel lui reproche d'avoir annoncé d'avoir six enfants au lieu de trois, afin de toucher des aides sociales, et le second fait face à des problèmes financiers, notamment face à sa fille qui a besoin d'un appareil dentaire. Peut-être que le personnage joué par Yaphet Kotto est un peu en retrait dans l'histoire, mais le film est dans le sillage de ces œuvres dites sociales comme on a eu avec La classe ouvrière va au paradis ou juste après, l'excellent Norma Rae.


Il y a quelque chose de typiquement 70's dans cette histoire, nihiliste, où l'espoir est au fond du placard, mais avec la volonté d'hommes qui veulent s'en sortir à tout prix. Je n'ai pas été aussi ému et bouleversé que je m'y attendais, le film met beaucoup de temps à démarrer, mais Blue Collar fait partie de ces oeuvres clairement oubliées qu'il serait sage de (re)découvrir.

Boubakar
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le 18 juil. 2019

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Boubakar

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