Blue Giant
7.2
Blue Giant

Long-métrage d'animation de Yuzuru Tachikawa (2023)

Les adaptations de shonen et de manga en animation ont toujours subit l'image pas forcément glorieuse des mangas de l'âge d'or du Shonen Jump, que ce soit Dragon ball, One piece ou encore Fairy Tail, qui ont formaté malgré eux la manière de créer et de penser l'animation japonaise. Cela a amené des choses dégradantes et peu glorieuse, notamment avec l'arrivé de Sword Art Online et de la démocratisation d'internet (et de ses étrangetés dont seuls internet a le secret) qui ont beaucoup marqué négativement l'animation japonaise et la production de mangas dans les années 2010 qui pouvait paraitre comme japonais-centré. Pourtant il reste tout de même de très belle choses à trouver, notamment du côté des animés de sports à la Overdrive ou même Kuroko's Basket, qui sont tous deux parmi mes animés japonais préférés. Récemment il y a comme un sursaut de l'animation japonaise, comme si celui-ci était conscient de ses défauts et de son ouverture au monde, qu'il n'était plus question de parler qu'à un public national mais peu être un public plus exigent et aux goûts plus pointus. C'est ainsi que de nombreux films ont pu marquer les festivals européens comme Annecy avec Tunnel to Summer the exit of Goodbyes ou encore Goodbye DonGlee, ou encore le Festival Européen du film fantastique de Strasbourg. En 2023 étaient sélectionnés des films comme Mars Express (Sélectionné à Cannes et même si je trouve le film bancal, il arrive à avoir un succès assez conséquent pour potentiellement gagner un prix), Robot Dreams (Sélectionné à Cannes, Grand prix Contrechamp à Annecy et nominé aux Oscars), 4 Souls of Coyote (Prix du jury à Annecy), ou encore Sirocco et le Royaume des courants d'air (Film d'ouverture et Prix du public à Annecy et pour moi un favoris pour un nouveau prix du public avec presque les mêmes films qu'à Annecy). Pourtant, c'est Blue Giant (présenté en séance événement à Annecy) qui l'a remporté, posant une certaine attente quand à un bon film, ce qui est assez surprenant quand on sait que le dernier film d'animation japonais à avoir été en séance événement n'était pas une superbe réussite.

Blue Giant part du postulat de vouloir jouer entre le ton d'un drame et l'extravagance que peuvent prendre certains shonen de sports. La scène d'ouverture est très efficace là dessus car dès que l'on nous a présenté le personnage principal s'entrainant sous la neige de manière effréné au point de saigner de la bouche (ramenant des images assez connu d'amateurs de shonen comme Marc Evans de la saga Inazuma Eleven s'entrainant au soleil couchant à arrêter des tirs avec des pneus de camion), le film nous expose un ton et un rythme beaucoup plus lent et calme pour introduire plus en détail l'histoire. Tout comme Tunnel to Summer avec la romance étudiante, Blue Giant joue avec les codes du shonen pour dépasser le cadre parfois réducteur qu'il peut imposer, et amener une histoire pouvant paraitre ordinaire à devenir extraordinaire. On peut redouter un récit à la Whiplash avec un regard beaucoup trop cru et presque malsain sur la douleur physique et mental subit pour atteindre un objectif. Pourtant le film arrive habilement à éviter tout écueil trop sombre pour se focaliser sur la manière dont la musique peut fédérer. Si l'on est invité à suivre la vie de trois jeunes épris de passions pour le Jazz, on ne va pas tant regarder la chose de manière tragique ou même pessimiste, il est plus question de voir le bon côté des choses au jour le jour.

Le soucis étant qu'à force de prendre la vie au jour le jour, on n'arrive pas à avoir d'enjeux et d’intérêt pour ce qui se joue. Contrairement à un Everybody want some... de Richard Linklater dont le film semble parfois vouloir reprendre la logique de course contre la montre, on n'a pas de limite de temps ou même de contraintes qui permettrait aux personnages de se transcender. Il y a bien sûr une volonté de casser des codes du shonen qui auraient pu être trop directive et sectaires, mais tel quel cela accouche d'un récit sans enjeux et sans moments un peu palpitants. On a beau mettre des segments en caméra subjective pour avoir un aspect presque documentaire rétrospectif un peu à la The Social Network (où on suit une histoire déjà passé, entrecoupé d'intervention du présent avec des personnages beaucoup plus âgé qui réagissent à ce passé), cela n'arrive jamais à avoir une quelconque utilité. On suit alors ces personnages, dont on apprend très lentement à les apprécier, et on peut se dire que si l'histoire n'est pas très consistante, c'est surement pour mettre en avant les moments musicaux qui est le centre du film... et c'est là qu'on va évoquer le problème principal du film.

La musique a toujours été un exercice qui permettait de distinguer la personnalité d'un réalisateur. Les scènes de musiques font parti, avec les scènes de danse et de combat, des moments signature où l'on attends les réalisateurs au tournant car, de facto, tout le monde a sa lecture de la manière dont on doit mettre en scène des parties musicales.

Youdidi
5
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le 12 avr. 2024

Critique lue 13 fois

Youdidi

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