Le film nous raconte une histoire d'amour complexe entre un artiste et sa muse, dans laquelle Marthe, malgré l'amour inconditionnel que lui porte Pierre Bonnard, a bien du mal à exister et à se sentir heureuse. C'est donc aussi et surtout le beau portrait d'une femme qui passa sa vie à s'effacer derrière l'homme qu'elle aimait. Est ce parce qu'il est interprété par Vincent Macaigne, l'un des acteurs français au plus grand capital sympathie, et incroyable d'intériorité dans ce rôle ? Toujours est il qu'il est bien difficile d'en vouloir à cet artiste très égocentré qui, en faisant passer son Art avant tout, se joua (malgré lui?) des femmes qui l'entouraient.
Généralement peu sensible au jeu de Cécile de France, la voir pendant toute la première partie du film, prendre, pour la énième fois, sa moue et son ton de petit enfant bougon fut assez irritable, mais il faut reconnaître que plus le film avance, plus elle parvient à donner de l'épaisseur à son personnage et qu'elle se révèle convaincante et finit par émouvoir.
Quant à Anouk Grinberg, que dire si ce n'est qu'elle fait définitivement partie de nos plus grandes actrices et qu'elle offre la scène la plus forte du film, une joute verbale incroyable entre elle et Cécile de France, toutes deux immergées dans la Seine à hauteur de taille.
Très grosse réserve en revanche sur le personnage interprété par Stacy Martin, beaucoup trop dans la caricature.
Les décors sont splendides et donnent au spectateur l'impression d'évoluer au sein de toiles naturalistes. La bande originale essentiellement composée de cordes accompagne à merveille les amples mouvements de caméra. Les nombreux grands angles utilisés pour filmer les scènes à la campagne sont un régal pour les yeux.
Académique dans sa forme, c'est dans son récit que l'on peut trouver une certaine forme de modernité avec quelques transgressions dans sa représentation du couple.
Avec ce film, Martin Provost continue de proposer un cinéma à la fois populaire et exigeant.
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