33 centimètres calés dans le jeans d'Eddie Adams, jeune homme de 17 ans, fainéant selon sa mère, excellemment monté pour le milieu de la pornographie. Voilà un rôle en or pour qui veut devenir un sex-symbol instantané, ici le privilège revient à Mark Whalberg la belle gueule candide.


Repéré par un réalisateur de films érotiques, il commence une carrière d'acteur de charme sous le nom pétaradant de Dirk Diggler. Son ascension est alors fulgurante comme une érection sous viagra. Industrie du porno oblige les carrières y demeurent tout de même glissantes (comme papa dans la bonne) et très vite de nouveaux concurrents chevalins débarqueront pour planter leurs drapeaux. C'est alors l'arrivée d'une situation en demi-molle pour Dirk, il quitte son réalisateur fétiche emportant avec lui une partie de l'équipe de tournage pour s'essayer à la musique. Mais ça ne prend pas vraiment faute d'argent.


Ce qui est génial avec cette histoire c'est le traitement qu'en fait son réalisateur. Paul Thomas Anderson, méticuleux comme on l'aime, ne s'arrête pas à Eddie Adams. Il crée un véritable microcosme, une biosphère cinématographique où tout s'influence un peu à l'image de Magnolia le film qui suit celui-là. Mais le trait commun est moins forcé que dans Magnolia et c'est tout aussi agréable du fait de l'univers sans pudibonderie dans lequel le récit s'élabore. Ainsi tout est plus doux, le film est moins une fresque sérieusement froide qu'une belle comédie humaine chaude et attendrissante. On voit ainsi toute la petite vie de cette équipe de cinéma qui se forme autour de Dirk Diggler comme un gosse admire sa fourmilière sous verre.


Tout est doux et candide, du moins au début, mais très vite les sentiments se tissent entre les personnages comme par exemple la relation mère/fils entre Whalberg et sa partenaire érotique la magnifique Julianne Moore. Ils sont alors impliqués et l'éclatement des liens n'en sera que plus douloureux et sombre. C'est ce qui arrive quand Dirk rejette son réalisateur pour avoir recruté des petits nouveaux. C'est ce qui arrive aussi quand il repousse un Philip Seymour Hoffman (qu'est-ce qu'il va manqué au cinéma celui-là...) tombé sous son charme. Les chemins qui s'étaient croisés vont alors diverger (et dix verges c'est énorme), d'un côté son ancien patron tentera de retomber sur ses pattes grâce à Rollergirl la playmate incarnée par Heather Graham. Julianne Moore se languira d'avoir perdu son presque-fils et Dirk finira par vendre de la coke avec ses compères. Mais ça tournera mal évidemment.


Heureusement on est pas dans There Will Be Blood, les secondes chances existent ici, sauf peut être pour William H. Macy victime d'un running-gag exaspéremment drôle impliquant toujours sa femme et un homme entre ses cuisses. Bang bang.


Même pour le spectateur, la satisfaction est pleine puisque qu'on pourra enfin voir à la fin l'organe dont il est question durant tout le film. Non pas qu'on veuille le voir à tout prix mais quand même on veut savoir si les yeux des autres acteurs s'écarquillaient pour une raison valable. Eh bien oui... c'est gros !


Pour conclure Boogie nights c'est un film érotique avec une histoire et ça, ça vaut bien une petite branlette intellectuelle.

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le 30 mai 2015

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Vagabond

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