Tarantino et le féminisme

Après Jackie Brown et Kill Bill, Tarantino nous livre encore un film où les femmes constituent les protagonistes principaux, dans un film dont j'ai une impression mitigée mais pas pour autant dénué d'intérêt.

Loin d'être son film le plus ambitieux, je pense que Death Proof est clairement l'un de ses films les plus personnels. D'ailleurs, ce qui m'a frappé lors du visionnage, c'est qu'il s'est fait plaisir, le bougre. Le récit est divisé en deux parties, ayant en commun de nous présenter un groupe de jeunes femmes. Les premières pourraient être qualifiées de fêtardes férues d'alcool, de danse et de "beaux mecs" tandis que les deuxièmes sont davantage avides d'action. Dans tous les cas, je pense être certain que Tarantino est un féministe convaincu, mais ce n'est pas un mal. J'ai aimé chacun des deux parties, avec quelques appréhensions toutefois.

La première partie est à la fois bien réalisée, prenante, mais parfois de mauvais goûts. La photographie est maîtrisée et, comme d'habitude dans ses films, la mise en scène est excellente. Filmer de manière subjective l'alcool et la nourriture permet une immersion totale. Les longs dialogues sont d'ailleurs plus intelligents qu'ils n'y paraissent. Les jeunes femmes présentées se révèlent assez attachantes, et le "cascadeur" oscille entre le mystérieux et le sympathique, avant de se relever terrifiant, usant de sa voiture comme arme mortelle. Reste que je trouve que filmer des filles se dandiner avec leurs jolis courbes et abuser des gros plans sur les pieds me paraît au mieux fétichiste, au pire pervers. Cette partie se conclut de manière assez sanglante, une habitude chez lui aussi.

La deuxième partie est très différente de la première, ce qui n'est pas une surprise après avoir vu Kill Bill. Ici, moins de jolis plans, mais plus de "voyages". Le deuxième groupe est plus attachant que le premier, car on peut prendre ces jeunes femmes plus au sérieux. Cela dit, on tend à oublier l'antagoniste principale du film. La course-poursuite de la fin est un immense hommage aux "films d'action à cascade" que j'ai trouvé assez bien amené, quoiqu'un peu longuette et manquant d'intensité. Et comme ce film aime nous prendre à contre-pied, la conclusion paraît brutale, avec l'antagoniste qui devient la proie, finalement ridiculisé.

Le Boulevard de la Mort n'est donc pas le meilleur Tarantino, beaucoup le qualifient du "pire", en fait. Selon moi, il vaut tout de même le coup d’œil. Rien que pour voir ce dont le réalisateur est capable quand il fait dans du "personnel". Il développe ses idées tout en étant cohérent avec ce qu'il a fait précédemment : références culturels, action sanglante, mise en scène excellente, le film est correct à défaut d'être vraiment mémorable.