Brain on fire
5.9
Brain on fire

Film de Gerard Barrett (2016)

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Depuis son passage à l'âge adulte, la carrière de Chloë Grace Moretz piétine dangereusement. Sans doute handicapée par son physique de femme-enfant, la comédienne semble avoir un mal fou à trouver des rôles qui lui permettraient de se renouveler et de donner une nouvelle dimension à son jeu d'actrice. Mais, ces derniers temps, l'espoir renaît, entre le film de Louis C.K., "I Love You Daddy", le drame "The Miseducation of Cameron Post" et le remake de "Suspiria" à venir, sa carrière paraît prendre un nouvel essor à travers une série de propositions éclectiques susceptibles d'étayer sa palette de jeu. "Brain on Fire" fait partie de celles-ci et prend presque d'ailleurs des airs de passage obligé pour toute jeune comédienne avec, sur le papier, ce pitch de drame larmoyant qui pourrait la faire briller dans un rôle plus adulte qu'à l'accoutumée. Cependant, malgré son classicisme, cette adaptation autobiographique de l'épreuve endurée par la journaliste Susannah Cahalan se révèle un peu plus maligne que prévue en évitant l'écueil du film tire-larmes et délivre un message aussi nécessaire que pertinent sur le difficile diagnostic des maladies orphelines.


Imaginez un épisode de la série "Dr House" où les cinq minutes d'ouverture habituellement consacrées à la manifestation des symptômes du patient dans son environnement deviendraient le véritable coeur de l'épisode et vous aurez une idée très proche de l'angle adopté par "Brain of Fire" pour traiter de son sujet. Ainsi, face au comportement de plus en plus étrange de Susannah, le film s'axe sur son rapport aux nouveaux regards de ses proches, de ses collègues de travail ou des premiers médecins consultés, tous complètement désarmés face aux prémices d'une maladie que personne ne parvient à définir. Habitant en plus à New York, ville qui abrite par essence toutes les formes de folie capables d'engloutir les esprits les plus sains, Susannah s'enfonce dans un état délirant de non-retour devant un entourage dépassé par son ampleur et un corps médical qui préfère se raccrocher à des solutions de facilité plutôt que d'approfondir le diagnostic. Ce n'est qu'au bout d'un long séjour à l'hôpital qu'un médecin sorti de sa retraite d'enseignant s'intéressera véritablement en profondeur au cas de Susannah...


On ne peut pas dire que "Brain on Fire" fasse dans la grande originalité avec sa réalisation de téléfilm d'une platitude gênante (pour représenter une crise, Gerard Barrett se contente de mettre sa caméra en biais, quel grand foufou !) et ses rebondissements plus qu'attendus mais le film a le mérite de son approche honnête, n'insistant jamais trop lourdement sur l'émotion pour préférer la faire naître simplement du désarroi de la première concernée et des personnes qui comptent à ses yeux face à un mal inconnu. La dernière partie avec l'apparition de ce médecin enfin réellement décidé à comprendre l'origine de sa souffrance avait tout pour sombrer dans la guimauve la plus collante mais non, là encore, la relation entre le docteur et sa patiente révèle une force émotionnelle inattendue, prenant une forme encore même plus exacerbée lorsque les panneaux finaux sur la vraie Susannah se mêlent aux événements que l'on vient de découvrir. Entouré de très solides seconds rôles (Carrie-Anne Moss, Richard Armitage, Thomas Mann, Jenny Slate ou Tyler Perry), Chloë Grace Moretz ne réconciliera peut-être pas encore, ici, ses fans et ses détracteurs mais elle tient le film sur ses épaules la majeure partie du temps, surtout à partir du moment où les symptômes interviennent (à vrai dire, avant cela, on a un peu le sentiment qu'elle a un mal fou à jouer une fille "normale" bizarrement), et prouve qu'elle a au moins l'étoffe d'une comédienne prête à prendre désormais plus de risques.


Peut-être paralysé par son manque d'ambitions esthétiques ou sa construction très lisse qui le condamnent presque par avance à une certaine uniformité face au flot de téléfilms lacrymaux sur ce type de sujets, "Brain on Fire" parvient tout de même à tirer son épingle du jeu en abordant intelligemment le cas des maladies rares et de leurs victimes prises au piège à la fois de ces dernières et d'un système qui rend difficile aussi bien difficile leur compréhension que leur détection. De quoi oublier toutes les imperfections évidentes qui l'entourent et se concentrer sur ce témoignage important, encore d'actualité pour un bon moment.

RedArrow
6
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le 23 juin 2018

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6 j'aime

RedArrow

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