Braqueurs pas amateurs

Julien Leclercq a du mérite. Depuis une dizaine d'année il se bat pour faire du cinéma de genre en France. Il avait commencé avec "Chrysalis", de la SF made in France hélas sous budgété et, disons-le, raté. Mais l'ambition était là. Son 2ème film, "L'assaut", était déjà beaucoup plus solide ; malgré certaines erreurs de style (l'image trop désaturée) et une partie "politique" un peu superflue, il arrivait à convaincre avec une réalisation pointue des scènes d'action. Et ça tombe bien car son 4ème film est un pur produit d'action au postulat assez simple comme le montre le titre ; ici il revient à l'essentiel, pas d'esbroufe de style, pas de background politique. Alors ne vous laissez pas avoir par la tagline ridicule digne d'une série B (non mais "Braqueurs contre Dealers"...), le film vaut mieux que ça.

Leclercq a la volonté dès le départ de s'inscrire dans la droite ligne de son modèle assumé ; le monumental HEAT de Michael Mann. Rien que ça. Il faut savoir que Leclercq a demandé qu'on achète le son des armes automatiques de ce film (Mann étant très pointilleux à ce propos) pour les utiliser dans BRAQUEURS. Il commence donc son film par une bonne grosse attaque de fourgon comme pour bien marquer qu'il assume les inspirations de son modèle. Mais il ne s'arrête pas juste à cette question de forme. Il pioche aussi chez Mann son sens de l'humanisme, le profondeur des personnages (même s'ils n'échappent pas à certains clichés), le rôle central des femmes dans la vie et les choix de nos bad guys... Et le pire c'est qu'il réussit réellement son pari ; le film est ramassé (1h22) et percutant de bout en bout. De vrais bons acteurs (Bouajila et Gouix en tête), un scénario simple mais bien mené, et une mise en scène franchement inspirée et soignée. Leclercq ne s'est pas foutu de nous vraiment. Sans faire un grand film, il lâche ici une pépite de genre, et en France ça se fait rare.