J'avais mis 7/10 après le visionnage; à tête reposée je monte à 8/10 car je pense qu'on ne saisit pas la profondeur de la réflexion de Hughes sur le coup. En faire un analyse complète prendrait certainement des pages.


Plus qu'un teenage movie, Hughes nous livre ici une réflexion sur la philosophie de l'adolescence, sur son monde et ses codes, ses conditions sociales. Pour effectuer cet exercice délicat, il décide de nous présenter 5 portraits, 5 caricatures des différentes castes qu'on retrouve dans un lycée. Si ces castes correpondent davantage au système des lycées américains où les équipes sportives ont une importance toute particulière, où le bal de fin d'année (ou Prom) est une étape cruciale dans la vie de chacun et où les meilleurs élèves font partie de clubs, on se reconnait nécessairement un peu dans l'un ou l'autre des protagonistes, parfois même dans plusieurs. On retrouve aussi chez eux des anciens camarades ou des amis qui ont pu nous marquer pour différentes raisons.


À travers le personnage de Bender qui pousse les personnages à une introspection presque forcée, Hughes pousse le raisonnement de chacun pour montrer les limites et l'absurdité de chaque catégorie. On découvre les peurs de ces adolescents mais aussi leurs parcours pour en arriver à ce point. Le point fort de ce film est qu'il n'y a pas un personnage supérieur qui détiendrait la vérité et se chargerait de faire la morale à tout le monde. Les protagonistes réfléchissent et, avec l'aide des autres, trouvent par eux-mêmes ce qui clochent chez eux.


John Hughes vise juste. L'adolescence, et le lycée en particulier, c'est cet âge où on réalise qu'on est le fruit de l'éducation que nous ont donnée nos parents. Chaque personnage l'illustre parfaitement: à titre d'exemple, on peut voir le sportif Andrew qui est conditionné par la pression émise par son père vis à vis de ses performances mais aussi de son statut social. Dans le même temps, l'adolescence est la période où on aspire à davantage de liberté, d'indépendance. On se place donc en opposition de ses parents, on souhaite casser notre image qu'on estime être le résultat de leurs désirs et non des nôtres. Et puis, comme l'herbe semble toujours plus verte chez le voisin, on veut changer de caste, on ne voit que ses problèmes et on ne réalise pas la chance qu'on peut avoir. On voit que nos protagonistes sont surpris à la découverte du mal-être des autres, eux qui se pensaient seules victimes.


Enfin, Hughes nous rappelle que la vie d'adolescent n'est pas que mélodrame, et qu'en l'espace d'une journée on est aussi heureux que malheureux. Ce sont des tempêtes dans un verre d'eau que nous vivons durant cette période, mais il nous faudra quelques années de recul pour nous en rendre compte.


Le film a beau être très marqué par les 80's avec notamment les passages dansés, le propos est toujours aussi juste et peu ont mieux traité le sujet depuis. Même si la toute fin m'a un peu déplu, on se surprend à en sourire encore plusieurs heures après.

Jake Elwood

Écrit par

Critique lue 780 fois

7

D'autres avis sur Breakfast Club

Breakfast Club
Bondmax
9

Full Breakfast

Au même titre que le Magicien d’Oz, The Breakfast Club fait partie de ces films qui jouissent du statut de film culte aux Etats-Unis, alors qu’ils sont très peu connus dans nos contrées. Il suffit...

le 28 mai 2014

115 j'aime

9

Breakfast Club
Samu-L
8

En chacun de nous, il y a une grosse tête, un athlète, un cinglé, une princesse, un rebelle

Breakfast club est une excellente surprise. C'est bel et bien le meilleur teen-movie qu'il m'ait été donné de voir et à n'en pas douter le meilleur film de John Hughes. Breakfast club raconte...

le 21 juil. 2012

114 j'aime

4

Breakfast Club
Torpenn
8

Surgé la terreur

Pour une fois, faire confiance à Marius ne me déçoit pas. Le summum du teen-movie 80's est une vraie bonne surprise. Partant des clichés habituels des lycée américain : un intello, une chtarbée, un...

le 13 juin 2011

87 j'aime

38

Du même critique

Seul sur Mars
JakeElwood
6

Il faut encore sauver Matt Damon.

Après la vague de biopics en tout genre et l’overdose de super-héros, sommes-nous en train d'assister au début de la mode des films dans l’espace ? Après Gravity et Interstellar pour ne citer qu’eux,...

le 23 oct. 2015

50 j'aime

4

Annie Hall
JakeElwood
7

A relationship, I think, is like a shark. You know? It has to constantly move forward or it dies.

Attachez vos ceintures, nous voilà partis pour 1h33 de dialogues non-stop ! Pas d'escale avant la fin du film, j'espère que vous avez pris vos précautions. Considérée par beaucoup comme une des...

le 22 juil. 2014

49 j'aime

3

La Chasse
JakeElwood
9

Le poids des mots.

En premier lieu, pour avoir vécu dans la province danoise, je tiens à souligner le réalisme prenant du village au cœur de l'hiver danois. On s'y croirait à tel point, aussi bien au niveau des décors...

le 2 mai 2014

39 j'aime

4