Il serait regrettable, même injuste de dénigrer les qualités de ce film en accusant son cadre : si les abords d'un lycée ne sont d'habitude pas le lieu de ce genre d'intrigues, le décalage que procure ce parti pris en est que plus jouissif. Un film noir sans imper. Un teen-movie hard-boiled.
L'ambiance grisâtre, une Amérique semi-rurale, légèrement paranoïaque, complètement nihiliste, nous plonge dans un fascinant et mystérieux thriller d'amours broyés, d'accords crapuleux et d'errances désabusées. Sur un léger fond d'humour noir, Rian Johnson surprend, dirigeant un jeune Joseph Gordon-Levitt plus que jamais étrange et flingué.
Les personnages sont excellents, tout droit sortis d'un shōnen, entre le baron de la drogue fan de Tolkien, le Mister Muscles un brin dérangé, le cas social qui joue les durs, les nanas manipulatrices et bien entendu notre héros déglinguo et malin, accompagné par son side-kick, un nerd de placard.
Avec Brick, le réalisateur du futur et génial Looper pose ici les bases solides de sa carrière. Il démontre qu'il est un talentueux scénariste et metteur en scène, avec un premier long audacieux et original. J'ose espérer qu'il aura quelques libertés bienveillantes pour le prochain Star Wars et que son talent ne sera pas dévoré par la cupide Compagnie aux Grandes Oreilles, ces frileux vampires.