Le cinéma néerlandais n’est pas celui qui s’exporte le plus chez nous et à part quelques exceptions, comme les premiers Paul Verhoeven, tels que La Chair et Le Sang (1985) ou Turkish Délices (1973), ou quelques bobines de Dick Maas dans les années 80 du genre L’Ascenseur (1983) ou Amsterdamned (1988), rares sont ceux qui arrivent à franchir nos frontières encore aujourd’hui. Il faut dire qu’il n’est pas très prolifique puisqu’en moyenne, une vingtaine de films sont produits chaque année au pays de la Tulipe. Mais depuis l’avènement de la SVOD, il est plus facile d’avoir accès à des cinémas d’autres horizons, et c’est tant mieux car des bons films, il y en a partout, dans tous les pays, et Les Pays-Bas ne sont pas une exception. Alors après avoir déliré sur New Kids Turbo (2010) et (un peu moins) sur sa suite New Kids Nitro de Steffen Haars et Flip Van der Kuil, on va s’attarder sur Bro’s Before Ho’s (2013) des mêmes réalisateurs, une comédie romantique souvent trash et politiquement incorrecte qui procure moult fous rires.


On va retrouver ici une partie des « New Kids », ce groupe de comiques qui a sévi à la télévision néerlandaise dans une émission de comédie à sketchs sur un groupe de jeunes asociaux de Maaskantje, un village de la province méridionale du Brabant septentrional. L’émission est devenue tellement populaire aux Pays-Bas et en Allemagne qu’elle a donné naissance à deux films cités en introduction, New Kids Turbo et New Kids Nitro. Les « New Kids » ont été dissous après l’énorme succès des deux films mais les acteurs, les réalisateurs et les scénaristes ont continué à travailler ensemble et c’est ainsi qu’en 2013 arrive Bro’s Before Ho’s, littéralement « Les frères avant les prostituées ». Ils s’attaquent donc avec ce film à la comédie romantique mais, bien entendu, une comédie romantique pas tout à fait comme les autres puisque, comme à leur habitude, on va y retrouver une tripotée de personnages complètement barrés, souvent bien crétins, vulgaires, mais ô combien attachants car ils ont une très bonne maitrise de l’empathie. Un peu à la manière de Judd Apatow (40 ans Toujours Puceau, En Cloque Mode d’Emploi) d’ailleurs, qui semble être ici le modèle des réalisateurs Steffen Haars et Flip Van Der Kuil pour Bro’s Before Ho’s. Ils ont un sens unique de la comédie et sont excellents pour présenter des personnages pathétiques (mais qui se croient cools) auxquels on va immédiatement s’attacher. Contrairement aux deux précédents films, où nous héros étaient immatures du début à la fin, déblatérant et faisant connerie sur connerie, Bro’s Before Ho’s est un film plus « mature », plus « doux », aussi bien dans la construction de sa romance que dans le fait qu’au fur et à mesure que le film avance, le héros va en quelque sorte passer de l’adolescence à l’âge adulte. D’ailleurs, ce héros (interprété par Tim Haars), par son physique, fait penser à Seth Rogen qui a plusieurs fois œuvré dans des productions Apatow (un clin d’œil de plus).


Donc comédie romantique, oui, mais comédie romantique à la sauce « New Kids », c’est-à-dire avec des personnages qui vont se retrouver dans des situations ridicules, parfois bien trashos, frisant le mauvais goût, et surtout avec des gags souvent politiquement incorrects. Les deux réalisateurs ont un sens du timing très précis et on est régulièrement pris de fous rires devant l’absurdité/la connerie de certaines scènes et/ou dialogues. Stripteaseuse qui lance des confettis avec son vagin, personnage qui se promène en public la quique à l’air, handicapés mentaux (joués par des acteurs non handicapés pour la plupart) qui rejouent sur scène le premier Rambo sans un sou, tir à l’arc qui finit mal, utilisation particulière de DVD pornos, … Les gags sont souvent bien stupides mais ô combien jouissifs, parfois anarchiques, et viennent pimenter cette histoire douce sur les relations humaines dans laquelle la femme parfaite va apprendre au personnage masculin débile à devenir meilleur, à se rendre compte qu’il faut grandir. L’aspect romantique de l’histoire n’est jamais envahissant et, bien que le déroulement du film soit au final convenu avec tous les passages habituels comme le rapprochement malgré l’interdit / le bisou / la dispute / la reconquête, la forme est donc elle complètement barrée avec un casting qui s’en donne à cœur joie et qui, à aucun moment, n’a peur du ridicule dans des scènes qui jouent avec les conventions du genre et qui les amènent très loin à la manière d’un Mary à Tout Prix (1998) mais en bien plus mal poli, en bien plus acide, en bien plus sale gosse qui n’en a que faire de la bien-pensance.


Vous voulez faire travailler vos abdominaux en vous marrant comme des baleines avec une comédie romantique qui repousse parfois les limites de ce qui est acceptable en termes de grossièreté et de politiquement incorrect ? Alors Bro’s Before Ho’s est pour vous.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-bros-before-hos-de-steffen-haars-et-flip-van-der-kuil-2013/

cherycok
7
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le 4 mai 2022

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