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Je me rappelle de ce film comme d’un moment de drôlerie, film assez particulier mais drôle, et c’est pour ça que j’ai voulu le revoir. Et là, surprise, c’est exactement le contraire cette fois-ci. Je le trouve mortifère, dépressif même rose, mélancolique, une réflexion sur le passé, et le deuil de ce même passé. Pourquoi je l’ai trouvé si drôle la première fois ? Je sais pas. La vie bien rangée d’un vieux Don Juan se dérègle à cause d’une rupture et d’un courrier rose. Une ancienne conquête lui annonce qu’il a un fils, fruit de leur rencontre, et que ce fils a fugué, à la recherche de son père, lui. La lettre sur papier rose n’est pas signée, et sans adresse. Il part à la recherche de ce fils virtuel, et de sa mère « inconnue », avec la foi du condamné à mort, sans motivation aucune, bien aidé par un ami détective amateur. Alors c’est vrai qu’on rit. Déjà rien que le contraste entre Jeffrey Wright, qui joue un père de famille nombreuse, avec une maison toujours pleine de chaleur, et de vie, et Murray tout seul dans son immense appartement sombre et vide, c’est drôle. Mais ce rire est loin d’être innocent. C’est un rire glauque, jaune, pas ROSE du tout. Le road trip de Don Johnston, (Murray) que tout le monde confond avec Don Johnson, le conduit dans l’Amérique profonde. Et on ne sait pourquoi, chaque cinéaste américain qui s’égare dans la campagne américaine, trouve le moyen de nous faire rire des autochtones. Les ex de Johnston sont soient agréablement surprises (Sharon Stone, rafraîchissante, apparemment c’est la seule à qui il a laissé un bon souvenir.) Soit elles sont indifférentes, soient elles l’on oubliées, ou hostiles, ou…. Et Johnston retourne à domicile, et tourne en rond, comme un chien autour de sa laisse. Se serait banal sans cette musique Ethiopienne inattendue, envoûtante, entraînante. Se serait plat sans Bill Murray qui nous le fait encore plus Droopy que d’habitude, taciturne comme un joueur de go, voire mutique. Il est comme statufié dans son survêt de sport, un sportif à la retraite, un séducteur rattrapé par la réalité. Et sans Jarmusch qui excelle dans l’expression des choses, des petites choses, se serait inintéressant. Des détails qui rendent une situation banale, plus qu’étrange, et toujours remplie de poésie, une poésie détachée, toute en demi-teinte. Et je sais pourquoi je ne le trouve pas drôle du tout cette fois-ci. Ce film semble rose, mais ce rose est trompeur, il est plutôt rose POURPRE. Ce Don Juan a la retraite a loupé quelque chose dans sa vie. On ne sait trop comment, ni pourquoi, on sent qu’il a raté quelque chose d’important, voire loupé sa vie tout court. Et ça, on le comprend sans discours inutiles, juste grâce à des rencontres, des situations banales ou insolites, (J’ai adoré la scène avec Jessica Lange), et de ces vies qui se croisent. Film intimiste, plus road trip que road movie, avec une affolante économie de moyens, et à la fin, Don Johnston finit par retrouver son fils. Du moins c’est ce qu’il croît. C’est subtil, intelligent, c’est le cinéma indépendant comme on l’aime.
Angie_Eklespri
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le 6 févr. 2015

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