Suggéré par un ami sans lequel je n'aurai jamais pensé voir ce film, Bruno Reidal est un film qui suscite dès ses premières images une réaction viscérale qui promet au spectateur un possible frisson à venir. Mais le film est-il à la hauteur de sa promesse ?
Sur le plan scénaristique, Bruno Reidal suit les jalons imposés par les films biographiques récents : premier plan in medias res, puis début du récit-cadre avec les analepses enchâssées qui vont se succéder de manière quasi chronologique. C'est donc une structure peu surprenante de ce côté-là.
Ce choix permet de développer de manière quasi didactique la psychologie du meurtrier pour aboutir presque sans surprise à la réalisation du passage à l'acte. C'est sur ce point que l'œuvre brille : par la manière dont s'entremêle la narration du personnage et les images qui illustrent ses propos, permettant d'accéder à une "compréhension" du personnage.
Concernant l'identité visuelle du film, la reconstitution de la France rurale du début du XXe siècle est parfaitement crédible : des costumes aux décors, la qualité de la recréation nous permet de concevoir la vie des champs, le travail des enfants, la place de la religion dans ce monde. L'ensemble étant idéalement servi par une photographie très naturaliste et sans fioriture.
Les acteurs contribuent également à cette immersion avec de manière générale un jeu sans fausse note de la part de tous les seconds rôles, mais également les performances remarquables des (jeunes) interprètes de Bruno Reidal.
La partition subtile vient souligner habilement le cadre de l'histoire, sans faire preuve d'une grandiloquence qui serait incongrue par rapport au style du film.
Malgré une prémisse très prometteuse et cinématographique, le long-métrage manque néanmoins d'impact sur le spectateur. Au cours du visionnage, on se sent plus dans l'intellectualisation de l'histoire et pas assez dans l'émotionnel. Ceci peut s'expliquer en partie par cette facture très "scolaire" du film : la succession des analepses se fait selon un rythme quasi monotone, et sans surprise, comme je l'ai déjà mentionné. Il manque également au film 2 ou 3 scènes marquantes qui captent l'attention du spectateur pour ne plus la lâcher de tous le reste de l'histoire.
Au bout du compte, Bruno Reidal réussit à transmettre son propos : il s'agit de la tentative la plus rigoureuse qui soit pour aborder la psychologie du meurtrier, ce qui se fait malheureusement au détriment d'une plus profonde immersion émotionnelle dans l'action de ce long-métrage.