Rétrospective burlesque

Compilation de dessins animés classiques des Looney Tunes et Merrie Melodies des studios Warner Bros., Le Monde fou, fou, fou de Bugs Bunny nous propose de découvrir ou redécouvrir toute la richesse et la variété de la galerie de personnages de cartoons de la marque.

Le film se distingue par sa forme très particulière, que l’on peut définir, dans une large mesure, de film d’anthologie, mais prenant parfois des airs de documentaire. En effet, il commence par nous proposer le court métrage oscarisé Les Peureux Chevaliers de la Table ronde, après quoi nous assistons à une petite leçon de cinéma, durant laquelle Bugs Bunny nous apprend comment les séries Looney Tunes et Merrie Melodies ont remplacé le cinéma burlesque. S’ensuit une sélection de cartoons en trois actes, reliés entre eux par des séquences inédites, visant à rendre le spectacle plus cohérent et homogène.

Le film éveille en nous des sentiments nostalgiques, et c’est une joie de voir réunis ici tous nos Looney Tunes préférés. Les personnages, fermement ancrés dans la culture populaire, sont adorablement incisifs, débordant d’âme, de vie et de souvenirs.

L’humour burlesque, inhérent à chaque court métrage, est bien entendu l’un des plus grands atouts de la production.

L’animation se distingue par un style farfelu et corrosif bien particulier, popularisé par Tex Avery dans les années 30. Le résultat est très stimulant.

Le format compilé ne permet pas le déroulement d’une véritable histoire de fond, et si chaque séquence se distingue individuellement, le tout réunit manque d’harmonie en dépit de la bonne volonté des transitions inédites. Le spectacle en devient rapidement redondant, et par conséquent ennuyeux.

L’ambiance du film, la musique, le rythme, sont des éléments qui semblent se contenter d’un minimum requis.

Depuis notre époque, on regrettera également les nombreux stéréotypes faciles et maladroits dont est bourré le film, et qui nous gâchent souvent notre plaisir.

Le monde fou, fou, fou de Bugs Bunny n’est pas un indispensable de l’animation, dans la forme telle qu’elle nous est présentée, mais les personnages que le film met en scène ont joué un rôle important dans l’histoire du cinéma d’animation. En effet, les cartoons de Warner Bros. étaient les plus populaires durant le premier âge d’or de l’animation, dans les années 30 et 40, et c’est un plaisir de les voir réunis dans un long métrage à l’honneur des Looney Tunes, même si celui-ci ne présente quasiment que les cartoons produits dans les années 50.

C’est la troisième fois que Warner Bros. propose au public ce genre de divertissement compilé (Bugs Bunny : Superstar en 1975 et Bugs Bunny, Bip Bip : Le Film-poursuite en 1979) plutôt que de proposer un véritable divertissement inédit. Cette politique de recyclage commence à accuser un sérieux manque de créativité. Évidemment, cette répétition ne saurait plus être récompensée par une mention honorable au vu de sa facilité.

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