Ta grosse concierge folle d'amour ose quémander tes caresses divines

L 'apport de la bande-dessinée à ce métrage est évident. Beaucoup de plans sont composés tels des cases, avec des angles de caméras qui donnent une vue globale sur un cadre fixe où le mouvement sera limité à un seul sujet.
Le découpage des-dits plans fixes appuie cette filiation.
Les effets (pluie, fumée) occupent des morceaux entiers des images dans lesquelles on les retrouvent. Je pense que c'est un élément habituellement spécifique au dessin, et qui donne, porté à l'écran, un rendu singulier. On remarquera les incrustations des dessins du réalisateur sur certains décors. Ce n'est pas très bien fait mais on lui pardonne, c'est adorable. Tout cela est original et revet à mes yeux un certain intérêt.


J 'adore voir Jean-Louis Trintignant jouer la comédie. Je le savais. Ce que je ne savais pas c'est que je prendrai beaucoup de plaisir à voir Carole Bouquet en faire autant, et les voir ensemble à l'écran m'est un spectacle réjouissant. La relation qu'ils entretiennent n'est que moyennement inspirée mais Holm a vraiment l'air peu concerné par les événements et Clara aussi résolue que désabusée tout deux sans tomber dans la caricature. Pour le reste, les autres acteurs me paraissent soit grotesques soit insipides. Par contre j'ai découvert la "gueule" de Yann Collette. Pas mal.


C e que j'aime le moins dans cette histoire, c'est l'invraisemblable univers. Est-ce le revers de la médaille la filiation à la bande-dessinée ? Est-ce le même travers que 98,7% des métrages de science-fiction (statistique officielle : https://www.data.gouv.fr/fr/ ) qui ne font pas l'effort , ou échoue à offrir quelque chose de cohérent et convaincant ? En tout cas je trouve fort déplaisant qu'on me montre à voir Holm réparer des robots humanoïdes avec un tourvenis philips et une pince à épiler. A la limite, qu'on se cantonne à le voir leur taper dessus avec le poing, ça ira très bien. Voire qu'on l'imagine leur souffler dans le port cartouche(continue, ça vient). En revanche, je dois dire que le coup de la bombe déposée à la Looney Tunes m'a arraché un sourire, c'est l'avantage de pousser le bouchon aussi loin.


L coeur du métrage c'est évidemment l'intrigue politique qui s'y déroule.


Parenthèse. Enki Bilal est naît à Belgrade en 1951 en Yougoslavie et que le métrage est tourné à Belgrade en 1989 en Serbie. Encore, je cite Wikipédia : "Belgrade est l'une des plus anciennes cités d'Europe, avec une histoire qui s’étend sur plus de 7 000 ans. Selon les historiens, on évalue la destruction de la ville entre 28 et 33 fois". Je ne vais pas me hasarder à faire de l'histoire ou de la politique de comptoir, alors je m’arrête là et sans commentaire.


On voit finalement assez peu ce qui se passe en dehors du Bunker et donc quel est précisément le quotidien des gens qui sont censés être dirigés ou menés par les protagonistes. On imagine un régime totalitaire, autoritaire, enfin pas très agréable en somme. Si le but recherché est de faire de ce non-dit un mal universel et sur-mesure dans l'imaginaire du spectateur, pour moi ça ne marche pas. On nous parle de langue interdite (peut-être le Breton ? Je ne m'y connais pas en Breton), de procès partiaux lors d'échanges verbaux purement utilitaires, on voit des gens se tirer dessus, mais à aucun moment cela ne me fait ressentir de la sympathie pour le combat de Clara. Et puis les dignitaires ont tous l'air plus cons que méchants, mais ce n'est pas un crime d'être con.


Le seul intérêt de cette intrigue est pour moi son dénouement. Au lieu de faire échouer ou réussir Clara, on nous donne à voir un entre-deux ambiguë et très peu développé. Je pense que c'est une bonne idée, mais dans un terreau pas très fertile.


B unker Palace Hotel, c'est une curiosité au moment où je le regarde, surtout parce que c'est de la science-fiction, que c'est Français et que c'est très marqué formellement par autre médium. Et comme je suis curieux, j'ai pris plaisir à l'avoir vu. Cependant ce n'est pas un métrage qui donne beaucoup à penser, ni même qui me réjouis pour ce qu'il montre.



C'est ma taupe !


Profch_n_6
7
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le 25 avr. 2020

Critique lue 547 fois

3 j'aime

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