Il faut reconnaître aux Scandinaves l’art de nous concocter des films d’horreur aux petits oignons souvent sympas, n’ayant pas peur d’aller dans le n’importe quoi (et à fond la caisse, sinon c’est inutile !). Ici c’est le Finlandais Joonas Makkonen qui nous propose cette pochade de potes attardés et bitturés, au final assez réjouissante, là où je m’attendais à un gros navet ni fait ni à faire. Attention, le scénario est plein de trous et d’incohérences mais le parti-pris du grand n’importe quoi est fièrement assumé : à la suite d’une expérience réalisée par un groupe d’hommes armés mené par un scientifique fou en pleine forêt (que viennent-ils faire là, on ne le saura jamais, bien qu’on les retrouve à la fin !), un homme reçoit une injection qui le transforme en créature mi-homme, mi-lapin, doté d’un sexe énorme et le faisant tournoyer telle une hélice d'avion, totalement obsédé et pourchassant ses victimes en criant un « Pussy ! » guttural !!! Forcément, un groupe de jeunes Finlandais et Anglais, bien décidés à s’offrir un week-end d’orgie et d’ivresse, va se trouver sur son chemin et le massacre va commencer…Voilà, voilà, le scénario se limite à ça, et reconnaissons-le, le côté gore est totalement cartoonesque avec explosion de têtes, émasculation, jambes et bras arrachés, le tout dans des geysers grand-guignolesques de sang.
Ça, j’ai vraiment aimé le côté potache qui ne prétend pas faire un « grand film d’horreur ». Non, c’est juste une blague, de très mauvais goût, c’est vrai, mais à certains moments assez réjouissante à force d’être débile. Si encore le film était réalisé avec les pieds comme on le voit bien trop souvent dans les films gore DTV à petit budget, mais ça n’est absolument pas le cas ici, le cadrage comme la photographie sont parfaitement maîtrisés par Joonas Makkonen (ça m’a moi-même surpris). Il reste par contre de vrais points faibles qui m’empêchent d’aller à la moyenne : le scénario dont on ne comprend pas grand-chose à certains moments et avec des baisses de rythme réelles quand les sujets abordés deviennent plus graves et qu’on sort (brièvement) de la comédie sanglante notamment un viol lesbien commis par une femme psychopathe, et les problèmes d’intégration d’une artiste introvertie, en dehors des standards de beauté en vigueur. Sauf que pour traiter ces sujets, vite évacués, il aurait fallu un scénario plus fin, des personnages qui sortent des caricatures et qui ne sont tels quels pas intéressants du tout. L’interprétation, elle, n’est pas non plus l’atout de ce film même si on sent bien que l’équipe s’est marrée à tourner cette petite potacherie pour adultes. Ce long métrage est parti au départ d’un court et on comprend alors que les scénaristes ont eu du mal à aller jusqu’à 1h30, prenant le risque de délayer. Dommage mais comme série B horrifique et poilante, ça n’est pas si mal que ça.