Pour son sixième film en tant que réalisateur, le sud-coréen Lee Chang-dong a eu droit une nouvelle fois aux honneurs du festival de Cannes cette année. Son dernier film, Burning, ayant fait partie de la sélection officielle de l’événement. Finalement remportée par Une Affaire de Famille, certains auraient pourtant plus volontiers attribué la Palme d’Or à l’œuvre de Chang-dong...à raison?


Le film prend place à Séoul, où Jongsu, jeune homme un peu benêt, retrouve par hasard sa camarade d’enfance, la (devenue) très jolie Haemi. Dans un contexte socio-économique marqué par une forte précarité pour les jeunes actifs, tous deux survivent grâce à de petits boulots pas très glamour.
Bien que les amis démarrent rapidement une relation amoureuse, Haemi part en Afrique pour un voyage prévu de longue date. Quelques semaines plus tard, elle revient...accompagnée d’un certain Ben (incarné par Steven Yeun, le fameux Glenn de la série The Walking Dead).


Ben est un personnage mystérieux. Évoluant dans un milieu manifestement très aisé, on ne sait pas pour autant d'où provient sa fortune et il reste discret sur sa vie personnelle. Malgré tout ce qui les oppose et bien que les motivations du premier demeurent floues, Ben, Haemi et Jongsu se voient très souvent. L'occasion de découvrir deux facettes de la Corée du Sud, entre les quartiers aisés de Séoul que fréquente Ben, et le milieu semi-rural pauvre d'où viennent les deux autres et où Jongsu a dû se réinstaller.
S'instaure une relation à trois dans laquelle ce dernier a du mal à trouver sa place.


Long de 2h30, Burning est un film un peu étrange. Si à aucun moment il ne se montre ennuyeux, il évolue néanmoins sur un rythme qui ne change jamais vraiment. Et s'il serait injuste de dire que l'oeuvre de Lee Chang-dong manque de caractère, on peut toutefois regretter la quasi absence d'intensité dramatique. Alors, même si la part d'incertitude qui règne jusqu'au bout est plutôt bien tenue, le ton monocorde de l'oeuvre participera quand même au fait que le dénouement final tombe un peu à plat, tant scénaristiquement que dans la manière dont il est amené.


Pour autant, Burning n'en est pas moins remarquable en certains points. Difficile en effet, de reprocher quoique ce soit au trio d'acteurs principaux, avec une mention spéciale à la jeune Jeon Jong-seo qui porte à bout de bras deux des plus belles scènes du film


(la scène où elle mime l'épluchure d'un fruit et celle où elle danse devant la ferme de Jongsu)


Par ailleurs, la mise en scène est soignée et la photographie du film élégante.
Mais une des grandes réussites de l'oeuvre est sa capacité à nous plonger dans la réalité de la Corée du Sud, pays qu'on imagine souvent riche et moderne vu d'Europe mais dont la société semble avancer à (au moins) deux vitesses, ce que les héros symbolisent très bien.


Burning est un film immersif dans la Corée du Sud d'aujourd'hui, en cela il est assez captivant. Porté par de jeunes acteurs talentueux, il souffre néanmoins d'un scénario finalement assez décevant et d'un rythme un peu plat.. On reste donc sur le sentiment qu'il y avait matière à faire (encore) mieux.
Néanmoins, l'oeuvre de Lee Chang-dong reste tout à fait recommandable et nous montre, une fois de plus, que le cinéma coréen se porte bien.

billyjoe
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le 11 sept. 2018

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