Burning n'est pas le genre de film qui laisse indifférent. Tout le monde ne peut pas aimer, voire même apprécier surtout à cause de ce rythme très lent sur lequel se raconte l'histoire, il faut avoir une certaine habitude mais quoi qu'il en soit, il laisse des traces après visionnage.
L'histoire suit un jeune homme qui a envie de devenir écrivain et en attendant de pouvoir vivre de son art (et avant tout de trouver l'idée de son premier roman) il fait des petits boulots. Tout commence quand il tombe par hasard sur une fille avec qui il était au lycée et une relation s'engage rapidement entre les deux jeunes gens. Peu de temps après leurs retrouvailles, elle part en voyage en Afrique et lui s'installe à la campagne pour prendre soin de la maison familiale son père ayant des soucis ne lui permettant plus de le faire. Lorsque la jeune fille revient de son voyage, elle est accompagnée d'un homme qu'elle a rencontré au Kenya et de qui elle s'est éprise. Commence une relation étrange entre les trois personnages...
Même si le sujet semble assez classique, on retrouve bien la patte de Haruki Murakami qui a écrit la nouvelle dont est adapté le film. On baigne en permanence dans une atmosphère cotonneuse avec une sensation d'étrangeté, sans arriver à mettre le doigt sur sa source. C'est à mon sens cette atmosphère qui garde le spectateur accroché, car malgré l'histoire qui avance assez peu on a envie de comprendre d'où vient ce malaise qu'on ressent en suivant les personnages. Il faut dire aussi que nous sommes gâtés par les paysages et la photographie. Les coréens ont cet art de mettre en valeur leurs images et de capter la lumière pour en faire ressortir toute la beauté.
Côté casting, le rôle principal (Lee Jong-su) est assuré par Yoo Ah-in qui apporte une naïveté toute naturelle à son personnage. Il est vraiment à l'aise pour interpréter ce garçon un peu perdu et tellement amoureux de Hae-mi que ça tourne à l'obsession. Sa façon de bouger et de se déplacer se modifie même au fur et à mesure que le film avance, sa posture évolue avec son état d'esprit. Le rôle féminin principal (Shin Hae-mi) est interprété par Jeon Jong-seo qui donne une belle performance en incarnant cette jeune fille extrêmement pétillante au début du film, avec une pointe d'espièglerie et qui peu à peu donne l'impression de s'éteindre, comme si sa lumière était absorbée par Ben, l'homme rencontré en Afrique interprété par Steven Yeun. J'ai été d'ailleurs plutôt surpris de le retrouver dans un film coréen. C'est idiot mais je le vois comme un acteur américain tournant uniquement aux États-Unis alors qu'il est né en Corée et y a grandit en partie et je trouve ce retour aux sources vraiment intéressant . Il est pour moi excellent dans ce rôle d'homme mystérieux dont on ne sait rien à part qu'il a beaucoup d'argent et que de ce fait tout l'ennui très vite. Son interprétation apporte beaucoup à cette atmosphère étrange voire parfois inquiétante de part le mystère qui flotte autour de lui.
Je ne peux pas dire que j'ai adoré le film, j'y ai trouvé beaucoup de longueurs et j'avoue avoir eu quelques fois du mal à garder les yeux ouverts, heureusement le film m'a vite rattrapé à chaque fois. Je pense que vous l'aurez compris, j'ai aimé avant tout l'ambiance du film et la façon dont on passe d'un banal début d'histoire d'amour à quelques choses du plus intrigant. On sent ce feu couver, on ne sait pas immédiatement où, on ne perçoit que quelques volutes de fumées en sentant bien que le brasier va finir par se déclarer et tout emporter sur son passage.
C'est un beau film, intéressant bien que pour public averti car ceux qui n'ont pas l'habitude de ce type de cinéma risquent de bien s'ennuyer et de passer complètement à côté, ce serait dommage. Si vous voulez découvrir le cinéma coréen, je déconseille de commencer par celui-ci. Pour les habitués de cinéma asiatique plus largement, film à voir pour s'en faire sa propre opinion.