Chevalier blanc

Habilement, avec Burning days, Emin Alper dresse un tableau noir de la situation en Turquie. Un constat qu'il situe dans une petite ville fictive du fin fond de l'Anatolie. Corruption, abus de pouvoir, machisme, homophobie, manque d'eau, insalubrité, traditions bestiales ... sont traités dans ce film qui, on peut le comprendre, fait polémique en Turquie.
Les premières scènes sont éloquentes et magnifiques : un gouffre immense ouvert sous nos yeux, illustrant ces érosions récurrentes. Et une mise à mort de sangliers poursuivis à travers les rues par de jeunes chasseurs à la gâchette facile. Ils tirent en l'air, comme le fera remarquer un avocat, tout sourire, fils du maire. En face de lui un nouveau, jeune et beau procureur. Il est sûr de lui, trop sûr de lui, on peut penser qu'il occupe son premier poste, qu'il vient d'Istambul, d'un milieu aisé. Naïf mais surtout téméraire. Il ne lâchera pas. Chevalier blanc, il fera régner l'ordre. Autant dire qu'il ne va pas se faire des amis. Rien ne lui sera épargné, pas même les rats qui courent dans la bicoque où il est logé. Sans eau la plupart du temps. Comme le reste des habitants. Seuls les élites locales bénéficient de douches.
Le réalisateur emprunte la voie du thriller et ça fonctionne plutôt bien. Pour passer ses messages, notamment sur le machisme et l'homophobie, il préfère la suggestion mais insiste sur les faits de corruption.
Les acteurs sont bons, notamment les rôles principaux. Les paysages sont superbes. On ne s'ennuie pas un instant durant ces deux heures.
Le gouffre est toujours là. Mais rien n'a changé !