Le gouffre aux vipères
On ne saluera jamais assez le mérite des Festivals dans leur rôle de prescripteurs : grâce à eux – et ici en l’occurrence, celui de Cannes, le monde entier est rendu attentif à la production...
le 5 mai 2023
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D'une part, il y a un peu de La Peste, de Camus, une ville en surchauffe, parsemée de rats, des pénuries, la lassitude et la misère. D'autre part, il y a un peu d'OEdipe roi, pas dans le sens oedipien incestueux et parricide, mais dans l'évidence de l'enquête. Car s'il est bien question d'un thriller, la résolution paraît très vite assez évidente, et ça serait un piètre film à énigme, mais la finesse du film est que l'enquête n'est qu'un prétexte pour évoquer autre chose, et que les artifices et le spectacle de cette poursuite haletante ne servait qu'à un autre discours. Plutôt La Peste qu'Œdipe roi. Burning days parle de la Turquie contemporaine, des inégalités, de la corruption, du poids de l'armée et des traditions, auxquels le Procureur est venu se confronter : un pays troué, métaphore que le cinéaste utilise au sens propre. Le contexte politique importe plus que les faits qui s'y déroulent : un fond d'élections et de magouilles, qui 'échappent pas au Procureur, qui bien que droit dans ses bottes, strict et efficace, se retrouve assez vite impuissant et pris au piège. Ce qui est intéressant, dans Burning days, ce sont les non-dits, c'est à dire ce que l'évidence dissimule. Un sous-entendu homosexuel notamment, et tout le film peut se lire comme une lutte sans fin pour la liberté sexuelle dans un pays hostile, ou comme la lutte d'un homme tiraillé entre ses pulsions et les interdits sociaux de son pays. Regorgeant de références et d'effets, c'est comme si tout cet attirail servait à dissimuler le principal. Et que le film n'était qu'une métaphore. L'enquête, c'est au spectateur de la mener à travers les indices et métaphores laissés par le cinéaste dans cet haletant thriller...
Créée
le 6 août 2023
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