– and that was called love for the workers in song
Un échange de regard, une paire d’yeux fermés ou embués, un rire retenu, une respiration qui s’accélère. Tout ce qu'un visage raconte le temps d'une chanson.
Je ne sais rien d’eux* mais l’émotion est là, les traversant tour à tour tout au long de ce dispositif fascinant que l'on voudrait soi-même expérimenter, d’un côté comme de l’autre de la caméra. Combien de sentiments différents se lisent dans cette série de portraits que j’aimerais voir et revoir en boucle comme un long film continu, une fête ininterrompue ? À quoi pensent donc toutes ces filles et ces garçons ? Aux paroles des chansons qu'ils écoutent ? À la façon dont celles-ci font écho à leurs propres histoires ?
Tout se joue ici dans ce doux flottement qui laisse le sens en suspension et fait qu’insensiblement je deviens moi-même, grâce au simple enchaînement des plans, une sorte de plaque sensible sur laquelle s’imprime et se superpose le peu d’éléments que chacun dévoile quoi qu’il fasse. Car même là où plusieurs semblent préférer tout retenir, essayant sans doute de se protéger de l'objectif de la caméra, je garde paradoxalement l'impression de pouvoir durablement garder en mémoire ce qu’ils ne me livreront pourtant jamais. D’eux à moi, une pensée, un état d'âme, un sentiment. Le mystère de leurs vies. C’est le pouvoir infini du cinéma, capable d’enregistrer l’émotion telle qu’elle apparaît d’emblée, avant même d’être identifiée : le mouvement à sa naissance, comme s’il n’avait jamais été vu auparavant.
Tout ce qu'un visage raconte le temps d'une chanson.
Le temps d’un film Lumière des années 2010.
http://vimeo.com/58265647
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(l'autre pan du diptyque : http://vimeo.com/58251376)
* Ou presque