Récit crédible et subtil sur le drame d'un viol

Excellent film qui raconte l'histoire d'un personnage féminin crédible après que la police lui révèle que son violeur (au GHB) est un membre de son groupe d'amis. Personne ne veut vraiment croire que l'un d'entre eux est coupable d'une telle atrocité, malgré les faits indiscutables. L'héroïne va donc de plus en plus s'isoler, obsédée par sa quête de réponses : qui m'a fait ça ? Et comment refaire confiance à mes amis si je ne le sais pas ? Comment accepter encore un verre à une soirée ?


Elle va toucher le fond, retourner chez ses parents et remonter progressivement la pente.


Rien ne se passe comme d'habitude dans ce genre de films : l'héroïne est intelligente et ne tergiverse pas dix mille ans avant d'aller voir la police (c'est ce qui permet d'ailleurs de retrouver la trace de GHB dans son sang - après huit heures il est assimilé par notre organisme). Les problèmes financiers, d'emploi, de confiance, de sexualité sont abordés. Beaucoup de détails crédibles qui donnent beaucoup de corps à l'histoire et à ce que traverse l'héroïne.


Reste le paradoxe de la fin. L'héroïne découvre l'identité de son agresseur et celui-ci est affiché devant tout le monde, donc c'est la victoire qu'on attendait en tant que spectateur et quelque part on est satisfait. Puis le fait que cela arrive des mois et des mois après l'agression, n'empêche pas le film de traiter la reconstruction du personnage. Cependant, la scène en question n'est pas cohérente. Le fils du méchant joue avec un appareil photo trouvé dans les affaires des parents, l'héroïne prend l'appareil par curiosité et voit les photos prises pendant son viol. Déjà pourquoi le gars ne les a pas effacées de l'appareil ? Au pire il les mettait sur une clef USB secrète, mais les laisser sur son appareil ça n'a aucun sens. Ensuite, c'est cool ce "happy" end de film, mais dans la réalité c'aurait été très possible que l'héroïne ne connaisse réellement jamais l'identité de son agresseur (notamment si la thèse selon laquelle la personne du GHB et le violeur sont deux personnes différentes est avérée). Et la voir faire face à ce problème très vraisemblable était quand même le mouvement très noble du film, c'est un peu dommage que dans les cinq dernières minutes le réalisateur y renonce. Certes l'héroïne "gagne" et je m'en réjouis forcément. Mais il y avait peut-être plus puissant, plus intéressant (et plus d'utilité publique ?) à raconter ; à savoir comment faire quand vraiment on n'a jamais la réponse et malgré cela la certitude scientifique que l'un des amis a versé du GHB dans son verre.


Ou alors il fallait que la "révélation" soit cohérente, genre le méchant arrêté lors d'une récidive.

Pedrof
7
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le 15 août 2017

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Pedrof

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