Blue Jasmine (2013), Magic in the Moonlight (2014) & An Irrational Man (2015) étaient tout sauf des grands crus. Je leur avais attribué un 6/10 respectif parce qu'ils étaient tout de même passables.
Alors j'avais hâte de voir si Café Society allait remonter la pente, avec un Woody plus en forme, plus imaginatif, comme il a pu l'être avec Midnight in Paris (2011) par exemple.
Eh bien non, ce que j'ai obtenu m'a relativement déçue : encore un film prévisible au possible, avec tous les grands classiques de la patte Allen, à savoir...
- Ce fichu filtre jaune balancé à tout va, que j'abhorre pour son côté cliché, genre "retouche photo années 2006" ;
- Une bande son si prévisible qui ajoute, elle aussi, une nouvelle couche de cliché, et qui finira par me dégoûter du jazz ;
- Des dialogues surfaits, qui sonnent faux par moments, presque théâtraux ;
- Un personnage principal toujours semblable, névrotique et nerveu, à l'image de Woody lui-même ;
- Un choix d'acteurs (et d'actrices, surtout) qui laisse à désirer au vu de leur jeu qui manque de justesse (sauf Jesse Eisenberg qui imite à la perfection Woody) ;
- Un scénario facile, léger, qui casse pas trois pattes à un canard, entre comédie romantique et drame, quelque part paumé entre les deux ;
- Une obsession avec les juifs (auto-satire parfois rigolote, parfois lourde) ;
- Une philosophie de comptoir qui m'exaspère...
Tout ça, c'est ce qui définit le cinéma de Woody Allen. Et vous retrouverez tous ces éléments dans Café Society, puisque celui-ci vient parfaire la lignée de films passables qui semble le poursuivre depuis quelques années. Cette collection de "ni navet ni chef d'oeuvre" est certes cohérente, mais si ennuyante !
Alors oui, c'est vrai, je n'accroche définitivement pas au style Allen donc je suis biaisée - pour autant j'ai adoré certains de ses films. Et je sais qu'il est capable de surprendre, de se surpasser, comme avec Match Point (2005), Vicky Cristina Barcelona (2008), etc. où on a pu voir autre chose que des clichés.
Café Society est juste trop facile : tout le monde aime les années 30, tout le monde aime voir une amourette en triangle sur le grand écran, tout le monde aime voir les endroits-clés des grandes villes (après Rome, Paris, San Francisco, on a ici droit à Los Angeles et New York), tout le monde aime Kristen Stewart, Steve Carell, Blake Lively et compagnie. Et pourtant, la recette pseudo-"miracle" ne fonctionne toujours pas. Sur moi en tout cas.
Pour le reste, vous lirez bien les défauts du film dans les autres critiques : la paresse de certaines scènes (surtout la chanteuse jazz montrée trois fois), les diversions à la platitude du film (le frère thug notamment), les personnages présentés puis abandonnés (name-dropping raté), quelques incohérences (cf. Bobby qui dit "thanks for the heads up" mais qui ne prévient pas son thug de frère qu'il devrait quitter NYC pour ne pas être arrêté), la fin douteuse, et j'en passe.
Je tiens quand même à finir sur une note positive en tirant mon chapeau au directeur de la photographie, Vittorio Storaro, qui a une très bonne maîtrise de l'image (cadrages, symétrie, etc.) et qui a vraiment apporté quelque chose au film. C'est peut-être grâce à lui que je n'ai pas mis un 5/10 !