Quelle carrière que celle de Malcolm McDowell! Que ce fut court, mais que ce fut bon! Le petit gars du Yorkshire se fait remarquer en 1969 en campant le rôle principal dans If, film emblématique de la culture beatnik, de sa volonté d'émancipation et de son rejet de l'autorité. C'est la consécration deux ans plus tard grâce à son rôle mythique d'Alex DeLarge dans le non moins mythique Orange Mécanique qu'on ne présente plus. En 1979 revoilà notre bonhomme en tête d'affiche d'un film anarchiste et provocateur : Caligula.
Malcolm McDowell y tient le rôle de Caligula, empereur romain honnis par l'histoire, indigne de succéder au bon Tibère et à l'illustre Octave Auguste. Un homme réputé pour être fou, cruel, imbu de lui même, et d'entretenir une relation incestueuse avec sa sœur. Décidemment on aurait pas pu trouver mieux pour illustrer l'effet néfaste de l'ambition et du pouvoir sur un esprit par hyper équilibré de base.
Parce que Caligula c'est pas vraiment un film sur Caligula. Ceux qui s'attendent à un biopic plus ou moins réaliste seront déçu. Dans ce film les faits on s'en balancent. Ce qui compte c'est la force du symbole. Comme cette machine de mise à mort d'une cruauté inouïe, que Dante n'a pas osé imaginé comme supplice des damnés du dernier cercle de l'enfer (quoique être mâchouillé par Satan c'est pas mal non plus). Une machine gigantesque avançant lentement mais inexorablement, broyant tout sur son passage.
Mais Caligula c'est aussi (et surtout) des gang-bang géant sans aucune retenue. Utiliser le sex débridé comme symbole de la décadence du pouvoir c'est facile mais c'est quand même super efficace. Le symbole d'un homme excessif et au dessus de la loi des hommes. C'est tentant quand on a tout les pouvoirs et quand on sait que peut tout perdre d'un instant à l'autre. A Rome, au début de notre ère, les assassinat sont légion. Caligula le sait, lui aussi sera assassiné. Et plutôt que d'essayer de retarder cette issue tragique il profite de son pouvoir au maximum.
C'est bien la morale de ce film. Faire l'apologie de l'excès et de la philosophie hédoniste. On en pensera ce qu'on veut mais il faut reconnaitre que de ce point de vue Caligula est un film unique. Grandiose et dérangeant, à point comme je les aime.