Camille redouble par pierreAfeu
Devenue en quelques années LE second rôle féminin indispensable du cinéma français, Noémie Lvovsky revient à ses premières amours tout en s'offrant un premier rôle de choix. Sorte de one woman show cinématographique, Camille redouble, fantaisie fantasque fantastique (pas facile à dire) lui permet d'être elle-même de toutes les manières possibles.
Noémie Lvovsky est drôle, tendre, amoureuse, émouvante. Son film est drôle et touchant, rythmé, enlevé. Véritable feel good movie aux accents nostalgiques, il met en scène le vieux fantasme de beaucoup : revenir en arrière, revivre son premier amour et dire à ses parents disparus qu'on les aime... Sans effets spéciaux ni machine à remonter le temps, la réalisatrice met en place un procédé simple qui fonctionne. On y croit et c'est ce qui compte.
L'excellente idée étant bien sûr de faire jouer Camille à 40 ans comme à 16 par Noémie elle-même (idem pour son partenaire Samir Guesmi), on prend un plaisir non dissimulé à la revoir vivre en 1985, entre vie de lycée (profs caricaturaux hilarants et punitions débiles), apprentissage sexuel et amoureux, et retour au domicile parental. S'il effleure plus qu'il n'explore le versant existentiel du sens de la vie, le film n'en réserve pas moins quelques très jolis moments, certains très drôles (traitant souvent de sexe) et d'autres très émouvants (entre Camille et ses parents).
Si l'ambition de Noémie Lvovsky est de nous faire passer "un bon moment", le but est totalement atteint. Ne voyons donc pas Camille redouble comme autre chose qu'un divertissement de qualité. Rondement mené, subtilement écrit et filmé sans esbrouffe, le film doit beaucoup à son casting sans faute. Noémie Lvovsky est évidemment parfaite et Yolande Moreau et Michel Vuillermoz campent des parents adorables. Ils forment à eux trois un formidable trio et nous offrent les plus belles scènes du film. Côté lycée, c'est bon aussi. Les trois copines de Camille sont parfaites, de même que les deux acolytes des Beaux gosses, Vincent Lacoste et Anthony Sonigo. Seul Samir Guesmi est peut-être un ton en dessous.
On ne crie pas au chef d'œuvre, mais Camille redouble est un chouette film.