Canicule faisait partie de mes rêves de cinéphile ; Lee Marvin se baladant sur Orléans, et croisant Jean Carmet ainsi que Victor Lanoux, quelle affiche ! Mais j'étais encore loin de ce que j'aurais pu voir.
1h35 plus tard, le verdict est sans appel ; Yves Boisset et ses scénaristes avaient pété les plombs !


Après un casse qui a mal tourné dans une banque orléanaise, Lee Marvin prend la fuite et se retrouve dans des champs de blé, où il va trouver refuge dans une ferme, le tout sous une chaleur harassante et après avoir caché son magot non loin de là. Il ne va pas être déçu du voyage...
On se trouve là dans un film incroyablement cynique, où personne n'est à rattraper, y compris le jeune garçon. Lee Marvin tombe dans une sorte d'asile de fous, où, pour aller vite, tous sont des pourris, le mec qui se déguise en épouvantail (!) pour épier des touristes qui bronzent à poil dans le champ, un ouvrier noir sans cesse ramené à sa condition de nègre, une employée de maison qui flippe sans arrêt, une nymphomane qui fait bouffer (oui, oui !) sa poitrine à Lee Marvin car elle est tout le temps en chaleur, une femme abusée qui voit en ce voleur un objet de fantasme sexuel, et donc ce garçon (dans les dix ans) qui, après avoir découvert le magot, prend quelques billets et va les dépenser dans un bar à putes ! Il y aurait tant à dire sur ces personnages, et je n'ai pas cité volontairement qui joue qui, mais on sent que tout le monde a poussé les curseurs vers une forme de folie qui rend le film vraiment réjouissant.


Il y a d'abord le plaisir de voir Lee Marvin, doublé par John Berry, dans un de ses derniers rôles, qui marque par sa présence froide. Ensuite, pas moins que Jean Carmet, Victor Lanoux, Miou-Miou, Bernadette Lafont, Henri Guybet et Jean-Claude Dreyfus. Tous semblent comme fous, écrasés par cette chaleur suffocante. Il y a aussi les dialogues signés Michel Audiard qui semble lui aussi se lâcher totalement, en particulier avec Jean Carmet, qui a lâche un Nom d'une bite pour exprimer sa surprise.


Le film est assez difficile à voir, mais il n'a pas volé sa réputation inclassable, car on sent non seulement qu'il n'y a pas de demi-mesure, mais c'est aussi un thriller très efficace qui aura sans doute influencé Calvaire ou encore Le serpent aux mille coupures.

Boubakar
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le 4 nov. 2018

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Boubakar

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