Je vais rentrer dans le vif du sujet de ce qui m'a dérangé dans ce film : le misérabilisme grossier et inutile d'une œuvre qui n'avait pas besoin de ça pour faire pleurer dans les chaumières.
Au final, Capharnaüm m'a plus agacé qu'autre chose car je voyais bien, durant la séance, que là où la narration appuyait son gros tampon "pleures sinon t'as pas d'âme" je restais extérieur.
Plusieurs temporalités entrent en jeu en un schéma assez simple : temps du procès/retour en arrière /Temps du procès/Retour en arrière et ainsi de suite jusqu'à la fusion de ces deux temporalités.
Le temps du procès des parents, après la scène d'ouverture du film, déjà estampillée "on sort les violons et les mouchoirs" est alors le temps présent.
L'alternance fonctionne sur moi durant l'intro mais pour le reste du film, c'est un non.
C'est un non car cette alternance ajoute au misérabilisme une tranche de "il a survécu à ces horreurs et va en vivre d'autres" qui m'a dérangé.
Au fur et à mesure, le spectateur découvre l'histoire de Zaïn, brillamment interprété par, apparemment, un jeune acteur à l'enfance similaire... Le temps du procès vient appuyer ce que l'on a déjà vu mais apporte une pseudo-objectivité par la présence des juges du procès.
Et ça, ça me pose problème car aussi sûr que les scènes en flashback veulent emporter l'adhésion du spectateur car quand même, il a beaucoup souffert, regarde, son quotidien c'est la misère pendant que tu es assis au fond du siège moelleux et doux du cinéma, celles du procès ont explicitemnet pour but de ne pas contredire son point de vue car
- elles sont bien moins développés
- comment peut-on comprendre le point de vue des parents sans s'attarder dessus, et en ayant comme seul prisme de découverte du monde, le regard de Zaïn ?
Et là, je me rend compte que tout se résume en un mot : la société.
Zaïn est, malgré son âge, déjà inclus en elle.
La société libanaise ici dépeinte forme ses propres éléments destructeurs.
Ici, et c'est peut-être l'aspect du long-métrage qui me reste le moins en travers de la gorge, se dresse un portrait d'un pays, d'une population, à travers une histoire personnelle.
Et cela aurait suffit.
Nul place à la sobriété.
Et vas-y que je te dis quand pleurer...
Nul doute que cette histoire aurait pu être révélatrice, hisser par une pudeur et une sobriété qui aurait été bienvenues.
Cependant, tout est martelé , me rendant indigeste une œuvre certainement très sincère.
4, lourdeur/10