Peter Hyams (le scénariste) a trouvé un sujet que je ne suis pas loin de trouver génial, et on ne peut que regretter que Peter Hyams (le réalisateur) n'ait pas su exploiter pleinement son potentiel. Une thématique de fiction cinématographique savoureuse, du petit lait pour les apprentis complotiste qui remettent en cause la mission d'Apollo 11 : il s'agit d'une mission de la NASA qui tourne mal et, pour éviter le scandale et les conséquences économiques et géopolitiques néfastes, qui se transforme en une simulation, un gigantesque mensonge qu'il faut tenir coûte que coûte.
Le film s'articule assez vite comme un thriller, mais c'est vraiment la première partie qui est la plus passionnant et correctement mise en scène : comment les trois astronautes sont débarqués in extremis de leur fusée, comment ils sont maintenus dans leur incompréhension, comment on leur fait miroiter un plan qui ne se déroulera pas... Le détournement opéré est géant, l'idée de tourner des scènes sur Mars dans un hangar au fin fond du désert américain fait penser aux théories du complot impliquant Kubrick : tout se goupille assez bien, y compris jusqu'au moment où la capsule censée les ramener sur Terre se désintègre dans l'atmosphère : là, on comprend que les trois sont quand même dans une merde noire, et la tension monte encore d'un cran avec efficacité.
Le problème vient de la composante thriller qui se tisse dans le fond, avec entre autres Elliott Gould (Karen Black est présente, sa présence toujours aussi bizarre, son regard sans doute) : comme si cela était traité de manière marginale, approximative, alors que ce segment sera amené à prendre une importance de premièr plan dans toute la dernière partie — particulièrement ratée. La fuite des astronautes dans le désert, la poursuite aérienne entre deux hélicoptères et un biplan... ça ne va pas du tout. La course poursuite en voiture avec le fast forward est d'une ridicule extrême. Même le plan final exhibe un ralenti raté. Un ratage qui coûte cher, étant donné le potentiel de ce thriller politique sur fond de mission spatiale, qui aurait pu être un jalon du genre s’il s’était donné les moyens d’une réalisation pertinente.