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Ce que Rogers fait derrière une faute en service

Marvel décrit dans Civil War une problématique propre aux super-héros assez similaire à celle abordée récemment chez son concurrent dans le très controversé Batman v Superman, à savoir les dommages collatéraux engendrés par les conflits, et la pertinence de laisser à un groupe de surhommes la liberté de décider de quelle façon garantir l'ordre et la sécurité des citoyens ordinaires. Thématique intéressante au demeurant, malheureusement plutôt mal amenée chez DC, et qui n'a certainement pas d'autre prétention que de nous montrer des super-héros se mettre sur la gueule pour diverses raisons.


Alors c'est bien entendu un peu plus poussé que ça, du moins en apparence, on comprend globalement pourquoi certains préféreront collaborer avec les gouvernements tandis que d'autres tendront à garder leur indépendance, les motifs ne manquent pas, et ça permet de créer une petite tension assez rapidement. Cependant, la première heure de bla-bla est bien vaine, à un moment je me suis rendu compte que je n'en avais vraiment rien à foutre de ce qu'on essayait de me raconter, malgré une certaine pertinence du propos et des actions menées.


En fait, le gros problème de Captain America : Civil War est qu'il n'essaye même pas de nous faire rentrer dans son univers ni de nous faire rencontrer ses personnages. Le film se contente de décrire une succession d'actions qui se déroulent aux quatre coins du globe, de manière assez froide, on finit par s'y perdre un peu. Même dans les moments un peu calmes, on n'a pas vraiment le temps de respirer, tout s'enchaîne trop rapidement, les dialogues fusent sans qu'on puisse vraiment les comprendre, tout est raconté de manière égale, comme si chaque chose devait avoir la même importance. Au final, l'ensemble est pénible à suivre et semble bien trop plat. On a du mal à vraiment se sentir concerné par cette histoire, on a l'impression d'être laissé en dehors de tout ça, le tout a un je-ne-sais-quoi de très artificiel qui fait que les enjeux qu'on nous décrit nous semblent moins importants qu'ils ne devraient l'être.


Heureusement, ça ne dure pas trop longtemps, on sent la situation évoluer et le conflit arriver. Notons à ce moment l'introduction du petit nouveau, le tant attendu Spidey, beaucoup plus réussi que les quelques secondes de la bande-annonce ne le laissaient croire. On retrouve un Peter Parker comme on l'aime, avec sa tête à claque de gamin, un peu intello et pas du tout mature, plutôt farceur, et surtout son air ridicule. L'homme araignée se retrouve plongé dans un conflit dont il n'a pas l'air de comprendre les enjeux ni les motifs, c'est assez amusant de le voir ainsi materné, voire manipulé, par un "mentor" qui ne l'utilise que pour ses propres intérêts.


Le quart d'heure de baston dans l'aéroport de Berlin est un petit instant de bonheur, j'avais du mal à croire que ça puisse être le cas d'ailleurs. Les chorégraphies sont réussies, les touches d'humour sont assez bienvenues, chaque personnage peut s'exprimer à loisir, en particulier Spider-Man qui étale fièrement ses talents devant la caméra. Chacun y va en baissant son pantalon, pour montrer que c'est bien lui qui a la plus grosse, c'est pas toujours très fin ni vraiment cohérent ; en fait, au vu du paquet de certains, la bagarre aurait pu être expédiée en quelques secondes, mais ce n'est pas trop grave, ça faisait une heure qu'on attendait qu'il se passe quelque chose...


Et puis ça fait plaisir aussi de voir un film comme ça sans son super-méchant habituel, c'est un peu ce qui gâchait tout dans Batman v Superman d'ailleurs. Ici, on a vraiment le temps de se concentrer sur les conflits internes aux protagonistes, sur les conséquences d'un gros quiproquo, et pourquoi pas sur la manipulation des esprits... Bon tout ça est traité de manière assez grossière, mais il y a tout de même un je ne sais quoi d'agréable qui parvient à s'en dégager, et j'en étais le premier surpris.


Cependant, tout n'est pas rose dans Civil War. La réalisation à la hache rend très difficile la lecture de l'action, en particulier lors de l'introduction qui m'aura été bien pénible. Le sur-découpage des plans ne met pas en valeur la beauté de certaines chorégraphies, on finit parfois par simplement attendre la fin d'un combat pour voir qui a gagné. La 3D n'arrange rien, je m'y attendais un peu, mais ce fut malheureusement pire que prévu : elle ne s'adapte pas à ce montage saccadé et rend le mouvement encore moins fluide. Le rythme est mal géré, et comme je évoqué plus haut, le film ne prend pas le temps de réellement se poser malgré ses 2h30, ce qui a pour résultat de rendre l'ensemble inégal : si les scènes d'actions sont dans le ton, le reste en pâti beaucoup plus.


Et puis même s'il est plutôt grisant de voir tout un tas de super-héros se taper dessus, ça pose quelques problèmes du côté de la narration. En effet, il y en a quelques un dont les motivations pour rejoindre tel ou tel camp me semblent assez obscures...je pense en particulier à Hawkeye et à Ant-Man, qui a mon avis servent plus à équilibrer la balance qu'à autre chose.


Quelques petites surprises au casting, les têtes de Daniel Brühl et de Martin Freeman sont plus que bienvenues. Malheureusement, j'ai du voir le film en VF, et il faut avouer qu'il y a un plantage total de ce côté, pire que d'habitude je veux dire. Je ne sais pas qui a casté le type pour doubler Martin, mais par pitié, pendez le, c'est pourtant pas difficile de trouver une voix qui colle un minimum à son personnage...


Concluons en disant que le film, malgré ses multiples défauts, est un peu moins vain que la plupart des autres Marvel, qu'il essaye vraiment d'apporter quelque chose d'autre à cette franchise, qu'il sort un petit peu du schéma narratif auquel nous sommes aujourd'hui habitués, et que c'est certainement un des meilleurs films de héros de ces dernières années ; d'un autre côté, malgré ces bons côté, j'ai le sentiment qu'on arrive à une impasse, j'ai du mal à voir comment une suite pourrait être intéressante, et à moins d'une prise de risque de la part du studio, j'ai bien peur qu'on n'en revienne inlassablement à cette lassante recette du gentil film de super-héros trop classique qui commence à en écœurer plus d'un.

KoalaLeNicolas
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le 29 avr. 2016

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KoalaLeNicolas

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