Simulacre d’anticonformisme et autres contrefaçons

En plus de la rechercher tout au long du film en la posant comme seule mode de vie acceptable, Captain Fantastic ne fait au fond que reproduire la logique consumériste à laquelle la famille tente d’échapper, et contre laquelle Matt Ross fait semblant d’opposer un regard critique. En tout point, le mode de vie primaire qu’installe Ben dans la forêt copie celui de la société de consommation : mérite, satisfaction des besoins secondaires et des loisirs comme but ultime de l’existence, prééminence des relations familiales et du paternalisme, supériorité de l’homme sur la femme, etc. Dans ce dispositif, la place de la pensée, à travers ce que proposent les courants alternatifs et la philosophie, ne relève que du simulacre. Matt Ross nous montre qu’il n’y a pas d’existence tenable dans cet environnement. La vrai vie se passe ailleurs, là où on peut draguer les filles, voyager et consommer en toute sécurité. Il n’est donc pas question de parler d’anticonformisme. Il ne suffit pas d’habiller les personnages de manière fantasque (voir la photo promotionnelle du film, que nous reprenons ci-dessus) pour automatiquement passer sur le terrain de l’originalité. Les choix de Ben sont issus d’un dérèglement, eux-même découlent d’une décision qui ne semblait pas être la meilleure. Folie, maladie mentale, dérèglement, peu importe : Captain Fantastic est inexcusable dans la mesure où il traite avec une rare hypocrisie un sujet qui méritait plus de sérieux et moins de contrefaçons. Ross a opté pour un psychologisme primaire et un humour mainstream qui peinent à masquer le but de son entreprise : être le feel good movie éphémère de la rentrée 2016 et, peut-être, rejoindre Little Miss Sunshine au panthéon des comédies indépendantes ayant rencontré un succès planétaire.


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le 11 oct. 2016

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